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Du Ryer, 1647

LE CHAPITRE DES LIMBES,
contenant cent six versets, escrit à la Meque.

Lecteur, Mahomet a intitulé ce Chapitre, le Chapitre d’Aaraf, qui est un lieu entre le Paradis & l’Enfer, où les hommes ne souffrent point de douleur. Voy le Mokari, le Bedaoi, & Kitab el tenoir.

AU nom de Dieu Clement & Misericordieux. Je suis Dieu tres-Sage, tres-veritable. {1} Ce livre t’a esté envoyé pour prescher les vray-croyans, ne doute pas de ce qu’il contient ; Dis leur, croyez en ce qui vous a esté envoyé de la part de vostre Seigneur, & n’adorez point d’autre Dieu que luy, il y a peu de personnes entre vous qui y pensent. Combien avons nous ruiné de villes ? combien de fois avons nous envoyé nostre punition à leurs habitans de jour & de nuit lors qu’ils reposoient ? neantmoins ils n’ont dit autre chose sinon qu’ils avoient grand tort. Nous interrogerons le peuple à qui nous avons envoyé nos Prophetes, & luy demanderons compte de ce qu’il aura apris, & de tout ce qu’il aura fait ; nous interrogerons nos Prophetes, & leurs demanderons compte de ceux qui les auront suivis, & qui leur auront obey, je les feray souvenir de ce qu’ils [ 143] auront fait pour en estre remunerez. Nous n’estions pas esloignés de nos Prophetes lors qu’ils leur preschoient la verité, leurs actions seront pesées dans la balance d’équité, la balance des bien-heureux sera pesante de bonnes œuvres, & ceux desquels la balance sera legere de bonnes œuvres, seront damnez pour avoir méprisé nos commandemens. Nous vous avons donné vostre habitation sur la terre, & vous y avons donné ce qui est necessaire pour vous nourrir, mais peu de personnes d’entre vous m’en remercient, nous vous avons creé & formé, & avons ordonné aux Anges d’adorer Adam, ce qu’ils ont fait, excepté le Diable, nous luy avons dit ; Qui t’a empesché d’adorer Adam lors que nous te l’avons commandé ? Il a respondu, je suis plus que luy, tu m’as creé de feu, & tu as creé l’homme de la boüe de la terre ; Alors nous luy avons dit, sors du Paradis, il n’est pas l’habitation des orgueilleux, tu seras au nombre de ceux qui seront remplis d’ignominie. Le Diable respondit, laisse moy jusques au jour de la resurrection des morts ; pourquoy m’as tu tenté ? Je dévoieray les hommes du droict chemin, je les empescheray à droict, à gauche, & de tous costez de croire en ta loy, & la plus grande partie d’entr’eux seront ingrats : Nous luy avons dit, sors du Paradis, tu seras abhorré de tout le monde, & privé de ma misericorde, je rempliray l’Enfer de ceux qui te suivront. O Adam habite avec ta femme dans le Paradis, & y mange de [ 144] tout ce qui t’agréera, mais n’approche pas cét arbre autrement tu seras toy & ta femme au nombre des injustes, le Diable les a tentés, & a dépoüillé leurs corps de leurs vestemens de grace, il leur a dit, Dieu vous a deffendu de manger du fruict de cét arbre, afin que vous ne soyez pas Anges ou eternels, il a juré qu’il leur disoit la verité, & les a remply d’ignominie à cause de leur superbe ; ils ont cognu leur nudité apres avoir mangé de ce fruict, & ont pris des fueilles du Paradis pour se couvrir ; leur Seigneur les a appellez, & a dit : Ne vous ay-je pas fait deffense d’approcher de cét arbre ? Je vous dis à tous deux que le Diable est vostre ennemy decouvert, ils ont dit, Seigneur nous t’avons offensé, & fait tort à nos ames, si tu n’as pitié de nous, nous serons au nombre des damnez, il a dit : Sortez du Paradis ennemis les uns des autres, vous habiterez en terre jusques au temps ordonné, vous y vivrez & mourrez, & sortirez de la terre au jour du Jugement. O enfans d’Adam, nous vous avons donné des vestemens de graces signes de nostre toute-Puissance, peut-estre que vous vous en souviendrez. O enfans d’Adam, prenez garde que le Diable ne vous seduise comme il a seduit vos pere & mere, lors qu’il les a fait sortir du Paradis, il les a depoüillé de leurs vestemens, & leur a fait cognoistre leur laideur, il vous apparoistra avec ceux qui les suivent, & vous le verrez quand vous y penserez le moins, il protege les infidelles ; lors qu’ils commettent quelque faute, ils disent : [ 145] Nous suivons la loy de nos peres, Dieu nous l’a ainsi commandé ; Dis leur, Dieu commande-t’il de l’offenser ? direz-vous de Dieu ce que vous ne sçavez pas, il vous a ordonné la justice, de l’adorer, & d’embrasser sa loy ; plusieurs ressusciteront comme vous les avés veus ; une partie sera dans le droict chemin, & l’autre partie sera damnée, parce qu’ils ont obey au Diable, & ont cru qu’ils estoient dans le droict chemin. O enfans d’Adam, vestez vous honnestement lors que vous irez aux Temples, mangez & beuvez de ce qui vous agréera, ne soyez pas prodigues, Dieu n’ayme pas ceux qui dépensent leurs biens inutilement ; Dis leur, qui a fait deffense de se vestir proprement lorsqu’on va au Temple pour adorer Dieu ? Qui a deffendu de manger des biens que Dieu vous a donnés ? cela est permis aux vray-croyans. Dieu expliquera ainsi ses commandemens au jour du Jugement. Dis leur, Dieu vous deffend la paillardise secrette & publique, la desobeïssance, l’injustice, l’envie d’adorer un autre Dieu que luy, & de dire de sa divine Majesté ce que vous ne sçavez pas, chacun a sa predestination, & personne ne la peut advancer ny retarder. O enfans d’Adam, les Prophetes ne vous ont-ils pas enseigné mes commandemens ? Ceux qui me craindront & feront de bonnes œuvres seront delivrez d’affliction au jour du Jugement, & ceux qui desobeïront à mes commandemens, qui s’esleveront contre la foy demeureront eternellement dedans le feu d’Enfer. Qui est [ 146] plus injuste que celuy qui blaspheme contre Dieu & contre ses commandemens ? telles gens seront punis conformément à l’escriture ; Lors que les Anges de la mort les feront mourir, ils leur diront ; où sont les Idoles que vous avez adorez au lieu de Dieu ? Ils respondront, que ces faux Dieux les ont abandonnez, & cognoistront leur idolatrie : mais Dieu leur dira, entrez dedans l’Enfer avec les hommes & les Diables qui sont condamnez ; Ils maudiront les sectes qui les ont precedez ; & lors qu’ils seront assemblez, ils diront, Seigneur, arreste ceux là ils nous ont dévoyez, augmente leurs miseres dedans l’Enfer ; Dieu dira, nous accroistrons leurs peines & les vostres, mais vous ne le cognoissez pas. Ils diront entr’eux, nous ne sommes pas cause que vous avez esté infidelles, vous ne l’avez pas esté pour nous complaire, souffrez avec nous les peines que vous avez meritées. Je n’ouvriray pas la porte du Ciel à ceux qui desobeïront à mes commandemens jusques à ce que le chameau passe par le trou d’une esguille, ainsi je chastieray les pecheurs, l’Enfer sera leur lict, le feu sera leur couverture ; & ceux qui auront fait de bonnes œuvres selon leur pouvoir, demeureront eternellement dedans le Paradis, j’esloigneray la tromperie de leur cœur, les ruisseaux couleront dans leurs champs avec delices, & diront ; loüé soit Dieu qui nous a conduit jusques icy, autrement nous serions au nombre des dévoyez ; certainement les Prophetes Messagers de Dieu nous [ 147] ont enseigné la verité, ils ont dit que l’observance des commandemens de sa divine Majesté, nous rendroit heritiers du Paradis. Ceux qui seront sauvez diront aux damnez qu’ils ont trouvé la grace que Dieu leur avoit predite, & leur demanderons s’ils ont rencontré la punition que sa divine Majesté leur avoit promise ; ils diront hautement qu’oüy, & que la malediction de Dieu est sur les injustes qui ont devoyé les hommes de sa loy, & seront eternellement au nombre des mal-heureux. Entre les bien heureux & les damnez il y a une separation & un lieu appellé Aaraf [1] ou Limbes, où sont plusieurs personnes qui cognoissent les bien-heureux & les damnez à leurs visages, ils appellent les bien-heureux & les salüent, neantmoins ils n’entrent pas dans le Paradis, encore qu’ils ayent tres-grand desir d’y entrer ; Lors qu’ils tournent les yeux du costé des damnez ils disent, Seigneur, ne nous mets pas au nombre des injustes. Ceux qui sont en ce lieu appellent les damnez, ils les cognoissent à leur visages, & leur disent, à quoy vous ont servy vos richesses ? & de vous estre eslevez contre la foy & contre les commandemens de Dieu ? voila les fidelles (que vous mesprisiez) vous juriez qu’ils seroient privez de misericorde, Dieu leur a parlé, & leur a dit, Entrez dans le Paradis, & n’ayez point de peur, vous serez à jamais exempts d’affliction : Les damnez crieront aux bien-heureux ; Donnez-nous de l’eau que vous beuvez, & de la viande que vous [ 148] mangez, ils respondront : La boisson & le pain du Paradis sont prohibez aux infidelles qui se sont joüés de leur foy, qui se sont enorgueillis des biens de la terre, & qui se sont moquez des commandemens de Dieu, il les a oubliez par ce qu’ils ont oublié la venuë du jour du Jugement ; & qu’ils ont blasphemé contre ses commandemens. Nous sommes venus aux habitans de la Meque pour leur enseigner l’Alcoran, nous l’enseignons aux hommes pour leur faire cognoistre le droict chemin, & acquerir la misericorde de Dieu, s’ils croyent en ce livre : Attendront-ils de croire jusques à ce qu’ils sçachent son explication ? son explication paroistra au jour du Jugement, ce jour ceux qui auront vescu sans foy diront ; Certainement les Prophetes ont dit la verité, aurons nous part en leurs prieres ? intercederont-ils pour nous à ce que nous retournions au monde pour faire mieux que nous n’avons fait ? & pour obeyr aux commandemens de Dieu : mais ils seront damnez à cause de leurs blasphemes. Dieu est vostre Seigneur, il a creé les Cieux & la Terre en six jours, & s’est assis en son throsne, il fait que la nuit suit promptement le jour, le Soleil, la Lune & les Estoiles se meuvent par son commandement, & tout le monde luy obeït, loüé soit Dieu Seigneur de l’Univers ; Priez Dieu secrettement & publiquement, il n’ayme pas les injustes, ne salissez pas la terre apres que les ordures en ont esté ostées, priez Dieu pour eviter ses chastimens, & pour obtenir sa [ 149,] misericorde , elle est pour les gens de bien : C’est Dieu qui envoye les vents pour separer la pluye ; Lors qu’ils portent les nuës nous les poussons chargées d’eau dans les lieux arides, morts & ruynez, & y faisons tomber la pluye pour leur faire produire des herbes & des fruicts, ainsi nous ferons ressusciter les morts, peut-estre que le peuple s’en souviendra, la bonne terre produit de bons fruicts par permission de son Seigneur, & la mauvaise terre ne produit que de l’juroye. I’enseigne mes commandemens à ceux qui ne sont pas ingrats : Certainement nous avons envoyé Noé pour instruire les hommes, il a dit : O peuple, adorez un seul Dieu, si vous adorez autre que luy, vous serez chastiez au jour du Jugement, leurs Chefs ont respondu : O Noé, tu es en une grande erreur, il leur a dit, Je n’erre pas, je suis Messager envoyé de Dieu pour vous prescher sa volonté, je vous donne des advis tres-salutaires, Dieu m’a enseigné ce que vous ne sçavez pas ; trouvez-vous estrange qu’il vous envoye ses commandemens par la langue d’un homme comme vous pour vous annoncer les tourmens de l’Enfer ? craignez Dieu il vous pardonnera vos pechez : Mais ils ont dementy Noé, nous l’avons sauvé dans l’Arche avec sa suitte, & avons submergé ceux qui ont mesprisé nostre loy, ils estoient entierement aveuglés. Nous avons envoyé Hod à son frere Aad, & à ceux de sa suite, il a dit : O peuple, adorez un seul Dieu, qu’adorerez-vous & que craindrez-vous autre que Dieu ? [ 150] Leurs Docteurs ont respondu, tu es dans une tres-grande ignorance, nous croyons que tu es au nombre des menteurs ; Il a repliqué, je ne suis pas un menteur, je suis Messager envoyé de Dieu pour prescher ses commandemens, je vous donne de bons & salutaires advis, ne vous esmerveillez pas de ce que Dieu vous enseigne ses commandemens par la langue d’un homme comme vous qui vous annonce sa volonté ; souvenez-vous qu’il vous a laissé en terre apres Noé, qu’il vous a accru en nombre en force & puissance ; Souvenez-vous de sa grace vous serez bien-heureux ; Ils ont respondu, sommes nous venus jusques icy pour adorer un seul Dieu, & pour delaisser ce que nos peres ont adoré ? faits nous paroistre la verité de ce que tu nous presches si tu es veritable, il a dit, la colere & l’indignation de Dieu tomberont sur vous, disputerez-vous avec nous des noms que vous & vos peres avez donnez à vos Idoles ? Dieu ne vous a pas ordonné de les adorer, vous n’avez point de raison de ce faire, attendez vostre punition, je l’attendray avec perseverance ; Alors nous l’avons delivré de leur malice, & tous les vray-croyans qui estoient avec luy, & avons exterminé ces infidelles à cause de leur impieté. Nous avons envoyé Salhé [2] à Temod & à ses gens, il leur a dit, O peuple n’adorez qu’un seul Dieu, il vous fait paroistre un miracle en ce chameau, laissez-le paistre en terre, & ne luy faites point de mal ; autrement vous serez chastiez : Souvenez-vous comme [ 151] Dieu vous a laissé en terre apres Aad, il vous a fait habiter dans les valées, dans les plaines, & dans les montagnes ; Souvenez-vous de Dieu, & ne salissez plus la terre : Leurs Chefs qui estoient orgueilleux ont demandé aux pauvres s’ils croyoient que Salhé fut veritablement Messager envoyé de Dieu, ils ont respondu, Nous croyons en ses paroles & en sa doctrine, Alors ces superbes ont dit, nous abjurons ce que vous croyez ; nous le condamnons, & ont tué le chameau de Salhé par derision,, ils ont desobey aux commandemens de Dieu, & ont dit, O Salhé, faits nous maintenant paroistre la punition que tu nous presche, si tu és un des Prophetes ; en mesme temps le tremblement de terre & le tonnerre les ont surpris, & sont demeurez morts comme charognes dans leurs maisons, Salhé les avoit abandonnés,, & leur avoit dit ; O peuple je vous ay presché la volonté de Dieu avec fidelité, mais vous n’aymez pas ceux qui vous sont affectionnez, & qui vous donnent de bons conseils. Souviens-toy, comme Loth parla au peuple, & luy dit, vous salirez vous tousjours par une paillardise ? & dans une ordure qui n’a encore esté veüe de personne du monde de ceux qui vous ont precedé ? aymerez-vous les hommes plus que les femmes ? aymerez-vous le peché plus que la pieté ? ils ont dit, chassons Loth & sa famille de nostre ville, puis qu’ils ne se veulent pas salir avec nous, mais Dieu l’a delivré de leurs mains & ceux de sa maison, excepté sa femme, qui est demeurée avec ceux qui ont esté [ 152] chastiez, n ous avons fait pleuvoir sur eux une pluye qui les a tous exterminés. Considere qu’elle est la fin des meschans. Nous avons. envoyé Chaib au pays de Madian, il a dit, ô peuple n’adorez qu’un seul Dieu, pesez à bon poids, mesurez à bonne mesure, & ne retenez rien de vostre prochain ; ne tenez pas les grands chemins pour faire peur au peuple, ne destournez pas les vray-croyans de la loy de Dieu ; Souvenez-vous que vous n’estiez qu’une petite poignée de gens, & qu’il vous a fait multiplier, considerez la fin des meschans ; Si quelqu’un d’entre vous embrasse la foy, & que les autres l’a mesprisent prenez patience jusques à ce que Dieu Juge vos differents, il n’y a point de meilleur Juge que luy ; Leurs Docteurs ont dit, ô Chaib, nous te chasserons de Madian toy & ceux qui croient comme toy, si tu n’és de nostre Religion,, il a respondu,, si je n’abhorrois pas vostre Religion, je blasphemerois contre Dieu qui m’en a delivré, je ne la veux pas suivre s’il plaist à Dieu, il sçait tout, je me suis entierement resigné à la volonté de sa divine Majesté, Seigneur juge nostre different, tu és le meilleur Juge du monde ; Alors leurs Docteurs ont dit au peuple, si vous suivez Chaib vous serez damnez ; peu de temps apres le tremblement de terre & le tonnerre les ont surpris, & ont esté trouvez morts le matin dans leurs maisons, ceux qui ont dementy Chaib, n’ont point trouvé de seureté dans leurs habitations, ils sont gens perdus, il les avoit abandonnés, & leur avoit [ 153] dit, ô peuple, je vous ay presché la volonté de Dieu avec fidelité, je ne m’affligeray plus de la malice des impies. Nous avons affligé de maladie & de pauvreté ceux qui n’ont pas obey aux Prophetes que nous avons envoyés aux habitans de Madian, peut-estre qu’ils se convertiront ; Nous les avons esprouvés par les maladies & par la santé, & les avons gratifiez en plusieurs occurrences, neantmoins ils ont dit, nos peres ont esté affligez de maladie & de pauvreté, nous serons comme eux ; mais nous les avons chastiez de leur peché lors qu’ils y pensoient le moins. Si les habitans de la Meque eussent eu nostre crainte devant les yeux, & eussent obey à nos commandemens, nous leurs aurions ouvert la benediction du Ciel & de la terre, nous les chastierons parce qu’ils sont impies : Il y en a qui seront chastiez la nuit lors qu’ils dormiront, & d’autres qui seront chastiez de jour lors qu’ils joüeront & qu’ils se divertiront, ils ont crû que Dieu estoit un trompeur, & sont gens perdus, Dieu conduit au droict chemin les vray-croyans,, & les fait heritiers de la terre apres leurs parens, s’il eut voulu il auroit exterminé tout le monde, il auroit endurcy le cœur du peuple & personne n’auroit oüy sa parole. Je te raconte les choses arrivées à cette ville [3] , nombre de Prophetes ont esté envoyez à ses habitans, & ont fait plusieurs miracles, neantmoins ils n’ont pas voulu quitter leur premiere impieté, ainsi nous avons endurcy le cœur des infidelles, ils n’ont pas effectué leurs promesses, & avons [ 154] trouvé la plus grande partie d’entr’eux meschants & desobeïssans. Nous avons envoyé Moyse à Pharaon & à son peuple, il leur a fait paroistre des miracles qu’ils ont mesprisez par leur malice, mais considere qu’elle a esté la fin de ces impies ; Moïse dit à Pharaon, je suis Messager envoyé du Dieu de l’Univers, quand je parle de Dieu je ne dits que la verité ; Je suis venu par son commandement, pour te dire qu’il faut que tu congedie avec moy les enfans d’Israël, & que tu ne les arreste plus dans tes estats ; Pharaon luy dit, si tu es venu de la part de Dieu, & si tu est veritable en tes paroles, faits nous paroistre quelques miracles, alors il a jetté son baston en terre qui a esté changé en serpent, il a monstré sa main qui a paru tres-blanche aux yeux des spectateurs [4] . Les Docteurs de Pharaon luy ont dit, cét homme est Magicien, il nous veut faire abandonner nostre pays, quel est vostre sentiment ? mettez-le prisonnier luy & son frere, & envoyez dans vos villes assembler des Magiciens. Lors que les Magiciens de Pharaon ont esté devant luy, ils ont dit, quelle recompense aurons-nous si nous sommes victorieux ? il leur a respondu, vous serez bien recompensez, & serez de ceux qui approcheront ma personne, ils ont dit, ô Moyse, veux-tu jetter le premier ton baston en terre, ou si nous jetterons les nostres, Moyse leur a dit de jetter leurs bastons, ce qu’ils ont fait, ils ont enchanté les yeux des spectateurs, & les ont effrayés par un enchantement [ 155,] extraordinaire , Dieu a inspiré à Moyse de jetter sa verge en terre qui a devoré les bastons des autres, la verité a paru par dessus le mensonge, & par dessus la vanité de leurs actions, ils ont esté vaincus à leur confusion, ils ont quitté leur magie, & se sont prosternez en terre, proferant ces paroles, Nous croyons au Seigneur de l’Univers, Seigneur de Moyse & d’Aaron. Pharaon leur a dit, Vous croyez au Dieu de Moïse sans ma permission, c’est une tromperie que vous avez controuvée pour chasser le peuple de mes estats, mais vous cognoistrez bien-tost la punition que je vous donneray, je vous feray coupper les pieds & les mains, ou je vous feray tous crucifier. Ils ont respondu, nous sommes entierement resignez à la volonté de Dieu, quelle vengeance que tu prenne de nous, tu ne nous empescheras pas de croire aux miracles que nous voyons, ny d’obeyr aux commandemens de sa divine Majesté, Seigneur donne-nous patience, & nous faits mourir au nombre des vray-croyans : Alors les Docteurs de Pharaon luy ont dit, donne congé à Moyse & à son peuple qu’ils aillent où bon leur semblera salir la terre, afin qu’ils te laissent en repos avec tes Dieux ; Il a dit, je feray tuer leurs enfans, je feray mal traiter leurs femmes, & leur feray endurer mille tourmens ; Moyse a dit à son peuple. Demandez secours à Dieu avec patience & oraisons, toute la terre est à Dieu, il en fait heritier qui bon luy semble ; l’autre monde est pour les gens de bien. Ils ont dit, ô Moyse nous avons [ 156] souhaité la mort de nos ennemis auparavant ta venuë, il leur a respondu, Dieu n’exterminera pas vos ennemis pour vous laisser seuls en terre, il verra ce que vous ferez. Nous avons affligé Pharaon & ses subjets par la famine, peut-estre que les infidelles y penseront ; lors qu’il leur est arrivé quelque bonheur, ils ont dit qu’ils le meritoient bien, & lors qu’il leur est arrivé du mal, ils ont dit que Moyse & ses gens en estoient cause, c’est Dieu qui les punissoit, mais la plus grande partie d’entr’eux ne le cognoissoit pas. Ils ont dit à Moïse, cesse de nous faire voir tes miracles pour nous enchanter, nous ne te voulons pas obeïr, nous leur avons envoyé le déluge, les sauterelles, les poüils, les grenoüilles, & le sang l’un apres l’autre, neantmoins ils se sont enorgueillis, & ont esté au nombre des meschans ; Lors que nostre ire est tombée sur eux, ils ont dit, ô Moyse, appelle ton Seigneur, qu’il nous donne ce qu’il ta promis, esloigne sa colere de nous, nous te croirons & congedierons les enfans d Israël avec toy ; Lors que nous les avons delivrés d’affliction, ils ont éguisé leurs langues, ils ont murmuré, & ont contrevenu à leurs promesses, nous nous sommes vengez d’eux, nous les avons submergez dans la mer, parce qu’ils mesprisoient nos miracles, & avons donné le Ponant & le Levant aux enfans d’Israël qui se sont humiliez devant nous, nous leur avons donné nostre benediction, nostre parole a esté accomplie sur eux à cause de leur perseverance, & avons exterminé les [ 157] armées de Pharaon. Les enfans d’Israël apres avoir passé la mer, ont rencontré des personnes qui adoroient les Idoles, ils ont dit, ô Moyse, faits nous des Dieux semblables aux Dieux de ce peuple, il a respondu, vous estes des ignorans, ces gens sont gens perdus, ce qu’ils font n’est qu’ignorance & vanité, desiré je que vous adoriez autre Dieu que Dieu qui vous a preferé à tout le monde ? Nous vous avons delivrés des gens de Pharaon qui vous faisoient souffrir des grands tourmens, ils assassinoient vos enfans, ils mal-traittoient vos femmes, & souffriez de grands tourmens pour punition de vos pechez. Nous avons arresté Moyse sur la montagne trente nuits & dix autres nuits, qui est en tout quarante nuits, quand il y est allé, il a dit à son frere Aaron, sois mon Lieutenant, commande à ce peuple en mon absence, & ne suis pas le sentier des meschants. Lors que Moyse est arrive sur la montagne au temps ordonné, & que son Seigneur luy a parlé, il a dit, Seigneur permets moy de te voir, il a dit, tu ne me verras pas, regarde contre cette montagne, si elle demeure ferme en cette place, tu me pourras voir, lors que le Seigneur parut sur la montagne avec sa lumiere, elle a esté reduite en cendre, & Moyse confus est tombé en terre comme mort ; apres qu’il a esté relevé, il a dit, loüé soit le nom de Dieu, je luy veux obeyr, & croy que personne vivante ne le peut voir ; Il a dit à Moyse, je t’ay esleu & prefere à tout le monde, je t’ay fait Prophete, tu as parle à moy, re- [ 158] çois la grace que je te donne & n’en sois pas ingrat, Nous luy avons donné les tables sur lesquelles estoit escrit ce qui est necessaire pour le salut des hommes,, & luy avons dit, reçois avec affection ce que je te donne, & ordonne à ton peuple d’observer le contenu de ces tables, Je precipiteray dedans l’Enfer, ceux qui contreviendront à mes commandemens, je priveray les orgueilleux de mes graces, ils ne croiront pas en ma loy encore qu’ils verroient tous les miracles du monde ; s’ils voyent le droict chemin ils ne le suivront pas, s’ils voyent le chemin de fourvoyement ils le suivront, parce qu’ils ont abjurez mes commandemens, & ont mesprisé ma grace, les bonnes œuvres de ceux qui me desobeïssent & qui ne croyent pas en la resurrection sont inutiles, ils seront chastiez selon leurs démerites. Le peuple de Moyse apres son trespas, a adoré le veau Dieu mugissant, ne voyoient-ils pas qu’il ne parloit pas à eux ? & qu’il ne les pouvoit pas conduire au droict chemin ? Neantmoins ils l’ont adoré enquoy ils ont eu tres-grand tort ; lors que ce veau est tombé en terre, & qu’ils ont cognu leur erreur, ils ont dit, si Dieu n’a pitié de nous, nous serons au nombre des gens perdus ; Lors que Moyse est retourné, il leur a dit, A qui avez vous obey apres mon depart ? vous vous estes trop hastés d’adorer cét Idole, il a de colere jetté contre terre les tables que Dieu luy avoit données, il a pris son frere par la teste, & la tiré à luy disant, fils de ma mere, comme as tu gouverné ce [ 159] peuple ? I’ay manqué de pouvoir, respondit-il, & ne l’ay pas pû detourner de sa volonté, peu s’en est fallu qu’il ne m’aye tué, ne me faits point de mal, ne resioüy pas mes ennemis de mon malheur, & ne me mets pas au nombre de ceux qui ont adoré les Idoles, Moyse a dit, Seigneur, pardonne à mon frere & à moy, donne-nous ta misericorde, tu es le misericordieux des misericordieux, L’ire de Dieu & l’infamie du monde tomberont sur ceux qui ont adoré le veau, & qui ont blasphemé contre Dieu, il sera clement à ceux qui se convertiront, & qui croiront en sa divine Majesté ; Lors que la colere de Moyse fut adoucie, il reprit les tables sur lesquelles estoit escrit le chemin de salut pour ceux qui ont la crainte de leur Seigneur devant les yeux, il fit au temps ordonné separer entre son peuple soixante & dix personnes qui furent surprises d’un tremblement de terre & du tonnerre, & dit, Seigneur, tu les pouvois exterminer avant qu’avoir adoré le veau, nous extermineras-tu tous à cause du peché des ignorans qui sont entre nous ? Tu as voulu esprouver ce peuple, tu conduits & devoye qui bon te semble, tu es nostre Protecteur, pardonne-nous nos pechez, puisque tu es tout misericordieux, donne nous ta grace en ce monde, & nous conduits au jour du Jugement auprés de ta divine Majesté, il a dit, je puniray qui bon me semblera, ma misericorde embrasse tout le monde, elle est pour ceux qui ont ma crainte devant les yeux, qui payent les [ 160,] dixmes , qui obeïssent à mes commandemens, qui suivent le droit chemin, qui croyent au Prophete qui ne sçait ny lire ny escrire [5] , & en ce qui est escrit de luy dans l’ancien Testament, & dans l’Evangile, il leur commandera les choses honnestes, il leur deffendra les choses inciviles, il leur enseignera les viandes qui sont mondes, & leur deffendra de manger celles qui sont immondes, il les delivrera des ceremonies pesantes & fâcheuses, & des chaisnes qui les tiendront étroitement liez ; ceux qui croiront en luy, qui l’honnoreront, qui le deffendront de ses ennemis, & qui suivront la lumiere que nous luy envoyerons, seront tous bien-heureux. Dis au peuple, je suis veritablement Messager envoyé de Dieu à qui appartient le Royaume des Cieux & de la Terre, il n’y a qu’un seul Dieu, il fait vivre & mourir qui bon luy semble ; Croyez en Dieu & en son Prophete qui ne sçait ny lire ny escrire [6] ; ceux qui croiront en Dieu en ses paroles, & qui suivront le Prophete seront bien conduits, ils suivront un tres-bon chemin. Il y a des personnes entre les enfans d’Israël qui sçavent la verité, & jugent avec equité ? nous les avons separez en douze tributs, lors que Moyse a demandé à boire pour son peuple nous luy avons inspiré de frapper de sa verge le rocher, dont sont sorties douze fontaines, & chacun a sçeu le lieu où il devoit boire, nous les avons couverts de l’ombrage des nuës, nous avons fait descendre sur eux la mane & les cailles, & leur avons commandé de [ 161] manger des biens que nous leur avons donnez ; ils ne nous ont pas fait tort (lors qu’ils ont murmuré) ils n’ont fait tort qu’à eux-mesmes ; on leur a dit, habitez en cette ville [7] & y mangez de ce qui vous agréera, entrez à la porte avec adoration, & demandez pardon de vos pechez, je vous pardonneray & augmenteray les graces des gens de bien : Neantmoins les impies qui estoient entr’eux ont alteré les paroles qu’on leur avoit dites, ils les ont perverties, & nous leur avons envoyé nostre indignation du Ciel à cause de leur impieté. Demande-leur des nouvelles du village qui estoit sur le bord de la Mer dont les habitans n’observoient pas le Sabat, & preschoient le jour du repos, ils ont veu ce jour paroistre des serpens sur l’eau, & les autres jours ils n’en ont point veu ; nous les avons ainsi esprouvez à cause de leur desobeissance ; Une partie d’entr’eux a dit, ne preschez pas ce peuple c’est peine perduë, Dieu les exterminera & les chastiera par de griefs tourmens, alors leurs Docteurs ont dit, ils demanderont pardon au Seigneur, peut estre qu’ils auront peur de l’offenser une autre fois ; Lors qu’ils ont mesprisé ce que nous leur avons enseigné, nous avons sauvé ceux d’entr’eux qui se sont abstenus de mal faire, & avons griefuement chastiez les impies à cause de leur desobeïssance, lors qu’ils se sont glorifiez de leur peché nous leur avons dit ; Soyez mesprisez & abhorrez comme des singes, ton Seigneur leur envoyera au jour du Jugement des [ 162] personnes qui les tourmenteront, il est exact à chastier les meschans, & misericordieux aux gens de bien : Nous les avons divisez sur la terre, il y en a entr’eux qui sont gens de bien, & d’autres qui sont impies ; Nous leurs avons envoyé du bien & du mal pour les esprouver, peut-estre qu’ils se convertiront.. Leur posterité a delaissé une posterité heritiere de leurs doctrine, neantmoins ils retournent en leurs pechez, & disent que Dieu leur pardonnera [8] , ils luy en demandent pardon, & retournent tousjours en leur peché ; ne leur demandera-t’on pas compte de ce qui est ordonné en l’escriture ? à sçavoir de ne parler de Dieu qu’avec verité ? ils ont leu la verité, mais ils ne la comprennent pas, le Paradis n’est que pour les gens de bien : Je ne priveray pas de recompense ceux qui font leurs oraisons au temps ordonné, & qui observent ce qui est contenu dans l’escriture. Souviens toy comme nous avons eslevé la montagne sur eux pour les tenir à l’ombre, & comme ils croyoient qu’elle tomboit sur leurs testes, nous leur avons dit, comprenez avec affection ce que nous vous enseignons, & vous en souvenez, peut-estre que vous craindrez la desobeïssance. Ton Seigneur a fait sortir des reins d’Adam toute sa posterité, & l’a interrogé disant, Ne suis-je pas vostre Seigneur ? ils ont respondu, oüy tu és nostre Seigneur, nous le sçavons bien : Ils ne pourront donc pas dire au jour du Jugement qu’ils n’ont pas cognu son unité, ils diront pour s’excuser, nos peres ont adore [ 163] plusieurs Dieux auparavant nous, nous sommes leur posterité, nous exterminera-tu à cause de leur peché ? I’explique ainsi mes mysteres aux hommes, peut-estre qu’ils se convertiront. Raconte leur l’histoire de celuy qui a veu nos miracles, il a esté dépoüillé de sa science, le Diable la suivy, & a esté au nombre des gens perdus, si nous eussions voulu nous l’aurions eslevé par la cognoissance de nos merveilles entre les Docteurs, mais il a croupy en terre, & a suivy ses appetits, semblable au chien eschauffé, si tu le chasse avec colere il tire la langue, si tu le laisse en repos il tire tousjours la langue, semblable aux infidelles qui mesprisent nos instructions, si tu leur raconte nos miracles, ou si tu ne les raconte pas, peut-estre qu’ils se convertiront, peut-estre qu’ils ne se convertiront pas, & seront semblables à ceux qui ont abjuré nos commandemens, & ont fait tort à leurs ames ; celuy que Dieu conduit est bien conduit, & celuy que Dieu dévoye est au nombre des gens perdus. Nous avons creé l’Enfer pour chastier les Diables & les hommes, ils ont des cœurs & ne comprennent pas la verité, ils ont des yeux & ne la voyent pas, ils ont des oreilles & ne l’entendent pas, ils sont semblables aux animaux & pire que les animaux, ils sont entierement ignorans. Les plus beaux noms du monde appartiennent à Dieu ; priez-le par la beauté de son nom, & vous esloignez de ceux qui s’esloignent de la verité par les noms qu’ils donnent à leurs Idoles, ils [ 164] seront chastiez selon leurs demerites. Il y a des personnes qui suivent la verité, & jugent avec équité, je chastieray peu à peu ceux qui mespriseront mes commandemens lors qu’ils y penseront le moins, je differeray leur punition quelque temps, parce que ma colere est violente, ne se souviennent ils pas qu’ils ont dit que Mahomet est possedé du Diable ? au contraire, il annonce les joyes du Paradis, & presche les tourmens de l’Enfer. Ne considerent-t’il pas le Royaume du Ciel & de la Terre que Dieu a creé de rien ? l’heure de leur mort arrivera avant qu’ils ayent recognu leurs pechez, en quoy croiront ils s’ils ne croyent en l’Alcoran ? Celuy que Dieu dévoyera ne trouvera personne qui le conduise, il delaissera les infidelles confus dans leur desobeïssance. Ils t’interrogeront de l’heure & du jour du Jugement, Dis leur, personne ne le sçait que Dieu, le jour sera formidable au Ciel & en la Terre, & viendra à l’impourveu ; Ils t’en interrogeront comme s’il t’estoit incognu, Dis leur, personne ne sçait le jour du Jugement que Dieu ; mais la plus grand’partie du monde ne le croit pas ; Je n’ay pas le pouvoir de faire ny bien ny mal à moy mesme, si Dieu ne le permet, si je sçavois le futur je ferois provision de bien pour me garder de la pauvreté, je ne suis envoye que pour annoncer les joyes du Paradis, & pour prescher les tourmens de l’Enfer à ceux qui croyent en Dieu, c’est luy qui vous a creé d’une seule personne, & a creé son espouse de sa [ 165] coste pour habiter avec elle ; lors qu’elle a esté en doute d’estre grosse, elle n’a pas laissé de cheminer à son ordinaire, mais lors que sa grossesse la renduë pesante ils ont tous deux prie Dieu leur Seigneur & ont dit, Seigneur, donne-nous une heureuse lignée afin que nous soyons au nombre de ceux qui te remercient de tes graces, Lors que Dieu leur a donné un fils homme de bien, ils l’ont associé en ce qu’il leur avoit donné, & tous deux ont exalté la gloire de sa divine Majesté pardessus les Idoles des infidelles qui adorent des choses qui ne peuvent rien créer, qui sont choses crées, & qui ne leur peuvent faire ny bien ny mal. Si vous appellez les idolatres au droict chemin, ils ne vous suivront pas, si vous invoquez les Idoles malheur vous arrivera, serez vous muets pour professer l’unité de Dieu ? Adorerez-vous les creatures au lieu du Createur ? allez adorez vos Idoles, & qu’ils exaucent vos prieres si vous croyez qu’ils soient Dieux ; Ont ils des pieds pour marcher, des mains pour toucher, des yeux pour voir, & des oreilles pour oüir ? Dis leur, si vous invoquez vos Idoles, & si vous conspirez contre moy, vous ne trouverez personne qui vous protege, Dieu est mon Protecteur, il a fait descendre l’Alcoran du Ciel, il est protecteur des gens de bien, ce que vous adorez ne vous-peut faire ny bien ny mal ; Si tu invoques les Idoles, ils ne t’exauceront pas, ils te regarderont & ne te verront pas faire ce qui est permis de faire, commande les choses qui sont [ 166,] honnestes , & t’esloigne des ignorans, si le Diable te veut seduire, confie-toy en Dieu, il entend tout & sçait tout, ceux qui le craignent se souviennent de ses graces & de ses chastimens lors qu’ils sont tentez du Diable. Encore que les infidelles cognoissent la verité, le Diable ne laisse pas de les prolonger en leur peché, ils suivent tousjours leur impieté ; Si tu vas à eux pour les instruire, ils disent que tu chante une vieille chanson, Dis leur, je faits ce que mon Seigneur m’a inspiré, ce que je vous enseigne est la lumiere de la foy, le droict chemin, & la grace de Dieu pour ceux qui croyent en sa divine Majesté, pour ceux qui escoutent l’Alcoran & qui l’estudient, peut-estre que Dieu vous donnera sa misericorde. Souviens-toy de Dieu en ton ame, adore-le publiquement & secrettement, prie-le soir & matin, & ne sois pas au nombre des ignorans. Les Anges qui sont auprès de ton Seigneur, ne mesprisent pas de l’adorer, ils le loüent & l’adorent avec humilité.

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[1] Les Docteurs Mahometans croyent que ceux qui auront autant fait de bien que de mal, & desquels la balance ne trébuchera pas du costé des bonnes œuvres ny du costé des mauvaises, demeureront en ce lieu appelé Aaraf, avec ceux qui n’auront fait ny bien ny mal, & que ce lieu est entre le Paradis & l’Enfer.

[2] Les Turcs croyent que Salhé par la permission de Dieu, metamorphosa un rocher en chameau.

[3] C’est la ville de la Meque.

[4] Gelaldin dit que la main de Moyse estoit brune.

[5] C’est Mahomet. Voy Kitab el tenoir.

[6] Les Turcs croyent que Mahomet ne sçavoit ny lire ny escrire.

[7] C’est la terre Saincte. Voy Gelaldin.

[8] Voy Gelaldin.

Notes Coran 12-21 réduire la fenêtre detacher la fenêtre

Alīf, lām, mīm, ṣād (المص)
La sourate vii est la seule qui commence par ces quatre lettres : on notera que les trois premières lettres sont identiques à celles évoquées dans le paragraphe ci-dessus. Du Ryer traduit ces quatre lettres par « Je suis Dieu tres-Sage, tres-veritable ». En symétrie avec les sourates ii, iii, xxix, xxx, xxxi et xxxii, où il rend alif, lām, mīm par « Je suis Dieu très-sage », Du Ryer reste cohérent et reprend la même traduction. Mais compte tenu du fait qu’une nouvelle lettre apparaît dans cette sourate, à savoir le ṣād (ص), Du Ryer lui attribue cette signification, « tres-veritable », ce qui renverrait au terme arabe ṣādiq (صادق, « véritable » ou « véridique »). Cette interprétation ne figure pas dans les trois commentaires que nous avons présentés ci-dessus. Mais le Tanwīrpropose quelques interprétations dont les suivantes :
alif et lām (ال) sont mises pour anā Allāh (أنا الله, je suis Dieu), le mīm pour a‘lam (أعلم, qui sait le mieux), et ṣād pour afṣil (أفصل, je distingue ou tranche entre le bien et le mal).
ṣād pour uṣliḥ (أصلح, je réforme).
ṣād pour muṣawwir (المصور, celui qui met en forme les choses).
Toutefois al-Suyūṭī dans son principal ouvrage de tafsīr, al-Durr manṯūr fī l-tafsīr b-l-maṯ’ūr, rapporte que le traditionniste et contemporain des compagnons du Prophète al-Daḥḥāk (vii e siècle) interprète ce verset par anā Allāh al-ṣādiq (أنا الله الصادق, Je suis Dieu le Véridique): ce qui donne sens au choix de Du Ryer. Cela suggère que Du Ryer ne s’en tient pas aux ouvrages qu’il mentionne dans sa glose, mais en consulte aussi d’autres.