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Du Ryer, 1647

LE CHAPITRE DE LA VACHE
escrit à la Meque contenant deux cens
quatre vingts sept versets.

AU Nom de Dieu clement & misericordieux. [1] {1}

Je suis Dieu tres-sage. {2} Il ny a point de doute en ce livre, il conduit au droict chemin les gens de bien qui croyent ce qu’ils ne voyent pas, qui font leurs prieres avec affection, & depensent en aumosnes une partie des biens que nous leur avons donnez. Ceux qui croyent aux choses qui t’ont esté inspirées, en celles qui ont esté preschées auparavant toy, & à la fin du monde, ne sont pas ignorans, ils sont conduis par leur Seigneur, & seront bien heureux. Malheur est sur les infidelles, soit que tu les reprenne, ou que tu ne les reprenne pas, ils ne se convertiront pas, Dieu leur a fermé le cœur, les oreilles & les yeux, & ressentiront de tres-grands tourmens. Plusieurs personnes disent, Nous croyons en Dieu & au jour du Jugement, & n’y croyent pas, ils pensent tromper Dieu & ceux qui croyent en Dieu, certainement ils se trompent eux mesmes, [2] {3} & ne le cognoissent pas, Dieu [ 3] augmentera l’infirmité qu’ils ont dans le cœur, & souffriront les rigueurs d’une peine infinie à cause de leur mensonge : Lors qu’on leur a dict, ne salissez pas la terre, ils ont dict, nous sommes vrays observateurs de la loy de Dieu, encor qu’ils soient ceux qui salissent la terre, mais ils ne le cognoissent pas : Lors qu’on leur a dict, Croyez comme croit le monde, ils ont dict ; Croirons nous comme croyent les foux, ils sont foux eux mesmes, & ne le cognoissent pas : Lors qu’ils ont rencontré ceux qui croyent en Dieu, ils ont dict, Nous croyons comme vous, & lors qu’ils ont esté retournez vers les Diables leurs compagnons,, ils ont dict, nous croyons comme vous, & nous moquons de ces gens ; [3] certainement Dieu se moque d’eux, & les prolonge dans leurs erreurs à leur confusion. Ceux qui ont achepté le fourvoyement pour le droict chemin n’ont rien gaigné en leur commerce, & ne se sont pas bien conduits, ils sont semblables à ceux qui allument le feu, & lors qu’il a esclairé ce qui est à l’entour d’eux, Dieu leur a osté la lumiere, & les a laissé dans les tenebres, sourds, muets, aveugles, & ne se convertiront jamais. Ou comme une nue du Ciel pleine de tenebres, de foudres & d’esclairs, ils bouchent leurs oreilles de leurs doigts à cause du bruit & de peur de la mort, mais Dieu void les infidelles, il a fait approcher l’esclair qui leur a ravy la veüe, ils ont suivy ce qui leur est apparu, & se sont arrestez dans les tenebres, que si Dieu eut voulu il les eut privez d’ouye & de veuë [ 4] car il est Tout-Puissant. O Peuple, adorez vostre Seigneur qui vous a creé & tous ceux qui ont esté auparavant vous, peut estre que vous craindrez celuy qui a estendu la Terre, qui a eslevé le Ciel, & qui a fait descendre la pluye qui a fait produire des fruicts pour vous enrichir. Ne dites pas que Dieu a un compagnon esgal à luy puisque vous sçavez le contraire. Si vous doutez de ce que j’ay envoyé à mon serviteur, venez & apportez quelques Chapitres semblables à l’Alcoran, & appellez pour tesmoins les Idoles que vous adorez si vous estes gens de bien, si vous ne l’avez pas fait, ou si vous ne le pouvez pas faire, craignez le feu d’Enfer preparé pour les infidelles & pour les idolastres, & annoncez aux vray-croyants qui feront de bonnes œuvres, qu’ils jouïront des graces immenses du Paradis dans lequel coulent plusieurs fleuves, ils y trouveront toute sorte de fruicts beaux & savoureux que Dieu leur a preparé, ils considereront s’ils sont semblables à ceux qu’ils avoient auparavant dans le monde, ils y auront des femmes belles & nettes, & demeureront dans une éternelle felicité. Dieu n’a pas honte de faire comparaison d’une petite punaise à une grandeur extreme, or est il que les vray-croyans sçavent qu’elle procede de leur Seigneur. Les impies demandent, que veut dire Dieu par cette comparaison ? Il devoye & conduit plusieurs personnes par ce moyen, & ne devoye que les desobeïssans. Ceux qui pervertissent son testament & [ 5] ses promesses, ceux qui retranchent ses commandemens & qui salissent la terre sont gens perdus. Pourquoy serez vous impies, puis que Dieu vous donne la vie aprés vostre mort ? il vous fera mourir, il vous fera ressusciter, & retournerez tous devant luy pour estre jugez. C’est luy qui a creé tout ce qui est sur la terre, & montant au Ciel a disposé sept Cieux, scachant toute chose. [4] {4} Souviens toy d’enseigner aux hommes,, que ton Seigneur a dit à ses Anges, Je veux creer un Vicaire en terre, & comme ils ont respondu, mettras tu en terre celuy qui la salira & qui y respandra le sang, cependant que nous exalterons ta gloire & que nous te sanctifierons ? Je sçay, dit-il, ce que vous ne scavez pas. Il enseigna les nons de toutes choses à Adam qui les manifesta aux Anges, ausquels Dieu dit ; Declarez moy le nom de toutes ces choses que j’ay creées, si vous le sçavez, Ils ont respondu, loüange est deuë à ta Divine Majesté, nous ne scavons que ce que tu nous as enseigné, tu es seul seavant & sage. Il dit, ô Adam, declare leur le nom des choses que j’ay creées. Apres qu’il leur eust enseigné, Dieu dit. Ne vous dis-je pas que je sçay ce qui n’est, ny en la Terre, ny aux Cieux, & que je sçay tout ce que vous manifestez, & tout ce que vous tenez de plus secret. Souviens toy que nous avons dit aux Anges, Humiliez vous devant Adam, Ils se sont humiliez excepté le Diable, il estoit desja superbe & au nombre des meschans. Nous avons dit. O Adam habite toy & ta femme [ 6] dans le Paradis & y mange de ce qui t’agrera, mais n’approche pas de cét arbre, affin que tu ne sois au nombre des injustes, le Diable les fit pecher, & sortir de la grace en laquelle ils estoient, alors nous leur avons dit, descendez ennemis les uns des autres, vous aurez en terre une demeure, & des biens pour vivre quelque temps, Adam demanda pardon de sa faute à son Seigneur, il luy pardonna parce qu’il est clement & misericordieux, & dict descendez, sortez tous du Paradis, il vous viendra cy aprés un guide de ma part, ceux qui le suivront seront delivrez de peur & d’affliction, (au jour du Jugement) ceux qui seront impies, & ceux qui celeront mes commandemens, brusleront eternellement dedans le feu d’Enfer. O enfans d’Israël, souvenez vous de la grace que je vous ay faicte, je satisferay à mes promesses satisfaictes aux vostres, craignez moy, & croyez en ce que je vous ay envoyé du Ciel, [8] confirmant ce qui vous a esté cy devant enseigné ; ne soyez pas les premiers impies, & n’abandonnez pas ma loy pour aucuns prix, craignez moy, ne revestez pas la verité du mensonge, & ne la cachez pas volontairement, faictes vos prieres au temps ordonné, payez les decimes, & adorez vostre Seigneur avec ceux qui l’adorent, commanderez vous au peuple de bien faire n’ayans pas soing de vos ames ? mediterez vous l’escriture sans l’observer ? demandez secours avec patience & avec prieres, elles n’abondent qu’en ceux qui sont obeïssans, qui croyent, [ 7] qu’ils verront un jour leur Seigneur, & qu’ils retourneront devant luy pour estre jugez. O enfans d’Israël, Souvenez vous de mes graces. Je vous ay preferez à tout le monde, craignez le jour qu’une ame ne sera pas chastiée pour l’autre, qu’on n’exaucera point de priere, & ne se trouvera ny rançon, ny secours, ny protection pour les meschans, Souvenez vous que nous vous avons delivrez des mains de Pharaon qui vous affligeoit par la violence de ses suplices, qui egorgeoit vos enfans, qui maltraitoit vos femmes, & que vostre Seigneur avoit accreu vos miseres à cause de l’enormité de vos crimes. Souvenez-vous que nous avons separé les Mers pour vous sauver, & que nous avons submergé les gens de Pharaon à vostre veüe, neantmoins vous avez adoré le Veau lors que nous avons arresté Moise quarante nuits auprés de nous, en quoy vous avez eu tres-grand tort, apres ce, nous vous avons pardonné, peut-estre que vous m’en remercierez. Nous avons donné à Moise le Livre qui distingue le bien d’avec le mal, peut-estre vous convertirez-vous. Souvenez-vous que Moise dit à son Peuple, vous avez eu tort d’avoir adoré le Veau, faites penitence, & vous convertissez à vostre Createur, tuez-vous les uns les autres, [9] telle chose sera agreable à Dieu, il vous pardonnera vostre crime, il est clement & misericordieux, Vous avez dit, ô Moise, nous ne te croirons pas que nous ne voyons Dieu, alors vous avez esté [ 8] battus du tonnerre, vous avez veu vostre malheur de vos propres yeux, neantmoins nous vous avons ressuscitez apres vostre mort ; peut-estre m’en remercierez-vous. [10] Nous vous avons couverts de l’ombrage des nuées, nous avons fait tomber sur vous la Manne & les Cailles, & avons dit, mangez des biens que nous vous avons donnez. Ils ne nous ont point fait de mal (lors qu’ils ont murmuré) ils se sont fait tort à eux-mesmes. Nous avons dit, entrez dans cette Ville, [11] & mangez de ce qui y sera à vostre contentement, entrez à la porte avec humilité, & dites, esloigne nos pechez de nous, je vous pardonneray vos pechez, & augmenteray les graces des gens de bien, alors les meschants ont alteré les paroles qu’on leur avoit enseignées, mais je leur ay envoyé mon indignation du Ciel selon leurs démerites. Lors que Moise a demandé à boire pour son peuple nous avons dit ; Frapppe le Rocher de ta Verge, incontinent il en est sorty douze Fontaines, & chacun a sceu le lieu où il devoit boire : Mangez & beuvez des biens de Dieu, & ne salissez plus la terre. Vous avez dit à Moise, nous ne nous contentons pas d’une seule viande, prie ton Seigneur qu’il nous donne de ce que la terre produit, des Blettes, Concombres, Ails, Lentilles, & Oignons, il a dit, demandez-vous de changer le bien en mal ? descendez en Egypte, vous y trouverez ce que vous demandez Ils ont esté battus de l’opprobre & de la pauvreté, & sont retournez en la [ 9] colere de Dieu, parce qu’ils n’obeïssoient pas à ses commandements, & tuoient ses Prophetes injustement, enquoy ils avoient tres grand tort. Tous ceux qui croiront, Chrestiens, Juifs, ou Samaritains, ceux qui croiront en Dieu au jour du Jugement, & qui seront de bonnes œuvres, seront recompensez par leur Seigneur, & seront au jour de la Resurrection exempts de peur & d’affliction : [12] Lors que nous avons receu vostre promesse de croire en l’ancien Testament, nous avons eslevé la montagne sur vous pour vous tenir à l’ombre, & avons dit : Comprenez avec affection ce que nous vous enseignons, & vous en souvenez ; peut estre que vous craindrez le feu d’Enfer & la desobeïssance ; neantmoins vous vous estes devoyez, sans la grace de vostre Seigneur vous seriez au nombre des gens perdus. Vous scavez ce qui est arrivé à ceux qui n’ont pas observé le Sabat, nous leur avons dit, Soyez abhorrez & méprisez comme des Singes, [13] Nous avons laissé cette punition pour advertissement à leur contemporains & à leur posterité, & pour servir particulierement d’exemple aux vray-croyans. Souviens toy comme Moise a dit au peuple, Dieu vous commande de sacrifier une vache. Ils ont dit, Te moque tu de nous ? Il a respondu, Dieu me garde d’estre au nombre des ignorans, ils ont dit, Appelle ton Seigneur qu’il nous enseigne qu’elle doit estre ceste vache, il dit, Il faut que ce soit une vache qui soit d’aage mediocre, qu’elle ne soit ny [ 10] jeune, ny vieille, & faictes ce qui vous est commandé, Ils ont dit, prie ton Seigneur qu’il nous monstre de qu’elle couleur elle doit estre, Il faut, dit-il, qu’elle soit jaune de couleur esclattante, qu’elle reioüisse la veuë de ceux qui la regarderont ; Ils ont dit, Invoque ton Seigneur qu’il nous enseigne à quoy elle doit ressembler, & nous serons s’il luy plaist, obeïssans à ses commandemens, Il dit, Dieu vous dit qu’il faut que ce soit une vache qui n’ait jamais esté liée soubs le joug pour labourer la terre, ny pour arroser les champs, qu’elle soit saine, qu’elle n’ait jamais travaillé, & qu’elle n’ayt point de tache sur son corps ; ils ont dit, Tu as maintenant dit la verité ; ils l’ont sacrifiée, & peu s’en a fallu qu’ils ne l’ayent pas faict : Lors que vous avez tué quelqu’un, vous vous estes querellez, & vous estes enorgueillis, Dieu met en evidence tout ce que vous cachez, Nous avons dit, frappez ce corps mort avec une piece de cette vache, [14] ainsi Dieu ressuscite les morts, & vous manifeste ses miracles, peut-estre que vous les comprendrez : neantmoins leurs cœurs se sont endurcis plus durs que les Rochers : car les Rivieres coulent des Rochers lors qu’ils se fendent & s’en trouvent, ou lors qu’ils tombent & se renversent par la permission de sa Divine Majesté. Dieu n’est pas ignorant de ce que vous faictes, Desirez vous que les Juifs vous croyent, puis que plusieurs d’entr’eux escrivent la parolle de Dieu, & l’alterent volontairement aprés l’avoir [ 11] comprise ? Lors qu’ils rencontrent les vray-croyans ils disent, Nous croyons en Dieu, & lors qu’ils sont assemblez, ils disent entr’eux, avez vous entretenu ces vray-croyans de ce que Dieu vous a enseigné, afin qu’ils ne trouvent point d’excuse contre vous au jour du Jugement auprés de sa Divine Majesté ? Ne comprenez vous pas qu’ils se voudront excuser sur ce que vous leur aurez dit ? [15] Ne scavent ils pas que Dieu scait tout ce qu’ils cachent, & tout ce qu’ils mettent en evidence ? Il y a des personnes qui ne sçavent ny lire ny escrire, qui ne sçavent rien de l’Escriture que ce qu’ils en ont appris par les mensonges de leurs Docteurs, neantmoins ils croyent estre de sçavans personnages ; Malheur est sur ceux qui cachent l’Escriture entre leurs mains, qui l’alterent & disent que ce qu’ils lisent procede de Dieu pour y profiter de quelque chose, Malheur est sur eux à cause de ce que leurs mains ont escrit ; Malheur est sur eux, & sur ce qu’ils ont gagné en blasphemant contre Dieu. Ils ont dit, nous ne demeurerons dans le feu qu’un certain nombre de jours ; Dis leur, Avez vous capitulé avec Dieu ? Il ne contreviendra pas à ses promesses, direz vous de Dieu ce que vous ne scavez pas ? Ceux qui ont gagné quelque chose, & ont esté envelopés du peché en leur gain, demeureront à jamais dedans le feu d’Enfer, & ceux qui croiront en Dieu, & qui feront de bonnes œuvres, jouïront eternellement des delices du Paradis. Souviens toy comme nous avons [ 12] enseigné les commandemens de la loy, & comme nous avons dit aux enfans d’Israël ; Adorez un seul Dieu, faictes du bien à vos pere & mere, à vos alliez, aux orphelins, & aux pauvres : parlez avec douceur au peuple : faictes vos prieres au temps ordonné, & payez les decimes ; neantmoins ils ont esté desobeïssans excepté fort peu d’entr’eux. Lors que nous avons receu les commandemens de Dieu, & que nous avons dit, Ne respandez pas vostre sang, ne vous chassez pas de vos maisons, vous l’avez appreuvé, vous en estes tesmoins : Neantmoins vous en avez tué plusieurs, & en avez faict sortir un bon nombre hors de leurs habitations, vous vous estes aydez les uns les autres dans l’injustice, & dans l’impieté. Si les esclaves ont recours à vous, vous les rachepterez, leur delivrance vous est ordonnée, croirez vous en une partie des escritures pour abjurer l’autre ? La recompense de ceux d’entre vous qui feront telle chose, est ignominie en ce monde,, & d’estre precipitez aux plus griefs tourmens de l’Enfer, au jour du Jugement. Dieu n’est pas ignorant de ce que vous faictes ; Ceux qui ont achepté la vie du monde pour quitter le Paradis, ne seront pas allegez en leurs miseres, & seront privez de toute sorte de secours. Certainement nous avons donné la loy à Moise, & avons envoyé aprés luy plusieurs Prophetes ; Nous avons inspiré la science à Jesus Fils de Marie, & l’avons fortifié par le Sainct Esprit ; mais vous vous estes eslevez contre les Prophetes [ 13] qui sont venus contraires à vos volontez, vous en avez dementy une partie, & avez tué l’autre. Les infidelles ont dit, Nostre cœur est endurcy, C’est Dieu qui les a maudit à cause de leur impieté, & peu d’entr’eux croiront aux commandemens de sa Divine Majesté. Lors que Dieu leur a envoyé quelque Livre confirmant les escritures qu’ils avoient auparavant approuvées sçavoir l’ancien Testament & l’Evangile) ils ont demandé secours à l’encontre des impies, & lors que le secours leur est venu, ils ne l’ont pas cognu, ou ne l’ont pas voulu recevoir. La malediction de Dieu est sur les infidelles, principalement sur ceux qui ont vendu leurs ames, & qui par envie n’obeïssent pas à ses commandemens, il donne sa grace à qui bon luy semble, ils sont retournez en la colere de sa Divine Majesté, qui leur a preparé des tourmens douloureux, à cause de l’enormité de leurs crimes. Lors qu’on leur a dit, Croyez aux commandemens de Dieu, ils ont dit. Ne croyons nous pas en ce qui nous a esté commandé ? Neantmoins ils ne croyent pas en la verité que Dieu a envoyée confirmant les propheties, & les preceptes qu’ils avoient auparavant approuvez. [16] Dis leur, Eussiez vous cy devant tué les Prophetes de Dieu, si vous eussiez crû en sa loy ? certainement Moise vous a faict voir des miracles, neantmoins vous avez adoré le veau aprés son depart, en quoy vous avez eu tres grand tort, Nous avons receu vostre promesse d’observer les commandemens de [ 14] la loy, & avons eslevé la montagne sur vous ; [17] Comprenez avec affection ce que nous vous enseignons, & escoutez ce que vous est commandé, ils ont respondu, nous avons oüy & desobey, & ont imbu leur cœur de l’adoration du veau à cause de leur impieté. Dis leur, vostre foy vous commande-t’elle de le faire si vous croyez en Dieu & en la vie eternelle ? Pensez à la mort si vous estes gens de bien ; Ils ne se soucient pas de leur fautes passées, mais Dieu cognoist les injustes, tu les trouveras avec soing, & en peine de vivre un long temps, les impies esperent de vivre mil ans ; mais ils ne seront pas exempts de punition pour vivre longuement ; Dieu void tout ce qu’ils font. Dis leur, qui est ennemy de Gabriel ? Il t’a par permission de Dieu inspiré l’Alcoran, qui confirme les anciennes escritures, & qui conduit les bons au chemin de salut, & leur annonce les joyes du Paradis ; Celuy qui est ennemy de Dieu, des Anges, de son Prophete, [18] de Gabriel & de Michel, sera rigoureusement chastié, Dieu est ennemy des infidelles. Nous t’avons envoyé des presceptes clairs & intelligibles, personne ne les abjurera que les meschans, une partie d’entr’eux ont contrevenu à leurs promesses, & mesme la plus grande partie est incredule. Plusieurs de ceux qui ont cognoissance à la loy escrite l’ont delaissé lors mesme que Dieu leur a envoyé quelque Prophete pour confirmer les escritures qu’ils avoient auparavant receuës & approuvées, ils ont delaissé le Livre de [ 15] Dieu derriere leur dos, comme s’ils ne le sçavoient pas, & ont suivy ce que les Diables enseignoient au regne de Salomon, Salomon pour cela na pas peché, mais seulement les Diables qui enseignoient la Magie au peuple, & ce que les deux Anges Arot & Marot enseignoient en Babilonne, [19] avant que de rien enseigner au peuple, ils disoient. Nous sommes seditieux, ne soyez pas impies ; le peuple a apris d’eux ce qui est de la separation de l’homme & de la femme, & ce qu’à mit la hayne entr’eux ; ils ne faisoient mal à personne par leur Magie, que par la permission de Dieu, le peuple a apris d’eux ce qui luy peut nuire, & ne luy peut pas estre utile, ils ont enseigné la Magie à ceux qui ont vendu la part qu’ils avoient en Paradis aux despens de leurs ames, encor qu’ils cognoissent bien leur faute, qu’ils eussent auparavant crû en Dieu, & eussent craint sa divine Majesté. Le repentir inspiré de Dieu est grandement utile, s’ils le scavoient cognoistre. O vous qui croyez en Dieu, ne dites pas, honore nous, dictes, regarde nous, & escoutez ce qui vous est commandé. Aux infidelles sont preparez des tourmens douloureux : Les Juifs & les Chrestiens ne desirent pas que Dieu vous envoye du bien, mais Dieu tres-liberal gratifie de sa misericorde qui bon luy semble ; Il n’alterera pas ses commandemens, il ne les oubliera pas, il en enseignera encor d’autres plus utiles ou de semblables. Ne sçavez vous pas que Dieu est tout Puissant ? Ne sçavez vous pas qu’à Dieu appartient [ 16] le Royaume des Cieux, & de la Terre ? Qui sera vostre Protecteur autre que Dieu ? Voulez vous interroger vostre Prophete comme Moise a esté cy devant interrogé ? Celuy qui changera la foy à l’impieté, sortira du bon chemin. Plusieurs de ceux qui scavent l’escriture, [20] tascheront de vous dévoyer par impieté & par envie, encor que la verité leur soit cogneuë, pardonnez leur & vous gardez d’eux jusques à ce que Dieu en ait disposé, il est tout Puissant. Faictes vos oraisons au temps ordonné, & payez les decimes, vous trouverez devant Dieu le bien que vous ferez pour vos ames, il void tout ce que vous faictes. Ils ont dit que personne n’entrera dans le Paradis que les Juifs ou les Chrestiens, c’est leur mensonge, dis leur ; Apportez vos raisons si vous estes gens de bien, au contraire celuy qui se resigne en Dieu & qui est homme de bien, sera recompensé par sa Divine Majesté : il ne faut rien craindre pour luy, il ne sera pas tourmenté dedans le feu d’Enfer. Les Juifs ont dit, les Chrestiens n’ont point de raisons, Et les Chrestiens ont dit, les Juifs sont sans raison, neantmoins ils estudient l’escriture ; ainsi parlent les ignorans, Dieu jugera leur different au jour de la Resurrection ; Qui est plus injuste que celuy qui empesche qu’on ne se souvienne de Dieu dedans les Temples, & qui ne s’estudie qu’à leur ruine ? telle gens n’y peuvent entrer qu’avec crainte & terreur, ils auront en Terre la honte sur le front, & souffriront en l’autre monde de tres- [ 17] grands tourmens. Le Levant & le Ponant sont à Dieu, de quels costez que les hommes se tournent la face de Dieu s’y rencontre, sa Divinité s’estend par toute la Terre. Ils ont dit, Croyez vous que Dieu ait un Fils ? Loüé soit Dieu, au contraire, tout ce qui est en la Terre & aux Cieux est à sa Divine Majesté, & toutes choses luy obeïssent ; il a creé, le Ciel & la Terre, & lors qu’il veut quelque chose, il dit, sois, & elle est. Les infidelles ont dit, si Dieu ne nous parle, ou si tu ne faits des miracles nous ne te croirons pas, ceux qui les ont precedé en ont autant dit, & leurs paroles ont esté semblables à leur cœur ; nous avons fait paroistre les miracles aux gens de bien, & t’avons envoyé pour prescher & instruire le peuple, ne t’informe pas pourquoy ceux qui iront en Enfer ne te veulent pas croire, les Juifs & les Chrestiens ne seront pas satisfaicts de toy, jusques à ce que tu suives leur opinion, Dis leur, il n’y a point de meilleur guide au monde que Dieu ; Garde toy de suivre leurs appetits, apres avoir compris la science que nous t’avons inspirée, qui sera ton protecteur autre que Dieu ? Ceux à qui nous avons enseigné l’escriture, qui l’estudient & la lisent avec verité, croyent en ce qu’elle contient, & ceux qui n’y croyent pas sont gens perdus. O enfans d’Israël souvenez vous de la grace que je vous ay faite, je vous ay preferé à tout le monde, craignez le jour qu’une ame ne pourra pas estre aydée par l’autre, que l’on ne recevra point de rançon, ny [ 18] d’excuse, & auquel les meschans seront sans protection. Souviens toy qu’Abraham demanda au Seigneur l’accomplissement de ses paroles, Il luy dit, je t’establira entre le peuple, pour enseigner les misteres de ma loy, il a dit ; & ma lignée que deviendra-t’elle ? Il luy dit, le Paradis ne sera pas ouvert aux injustes. Nous avons estably le Temple de la Meque pour assuré refuge du peuple en sa penitence, il a fait son oratoire au lieu d’Abraham, [21] & avons commandé à Abrahan & à Ismaël de tenir ma maison nette, pour ceux qui y viendront en procession avec humilité & adoration. Lors qu’Abraham receut ce commandement, il dit, Seigneur fortifie cette Ville, enrichy son peuple de toute sorte de biens, & tous ses habitans qui croiront en ta Divine Majesté, & au jour du Jugement. Dieu dit, Et les infidelles encor, Je les enrichiray un peu de temps, & les precipiteray dedans le feu d’Enfer ; où ils demeureront eternellement. Lors qu’Abraham & Ismaël eslevoient les fondemens du Temple de la Meque. Abraham dit, Seigneur reçois nos vœux, tu entens tout, & sçais tout, Seigneur fais-nous la graces d’estre obeïssans à tes commandemens, & que de nostre lignée il en sorte un peuple qui observe ta loy, monstre nous le chemin que nous devons suivre, & aye pitié de nous, tu es clement & misericordieux, Seigneur envoye à ce peuple un Prophete de leur nation pour leur prescher tes commandemens, pour leur enseigner l’escriture & la [ 19] science, & pour les purifier, tu es le tout Puissant & Sage. Personne n’abandonnera la loy d’Abraham qu’à son propre dommage, je l’ay esleu en ce monde, & est en l’autre au nombre des justes. Souviens toy que son Seigneur luy a dit. Sois obeïssant à ton Seigneur & te confie en luy, il a dit, Je suis resigné en Dieu Seigneur de l’Univers, il a commandé à Jacob & à ses enfans de suivre la loy de Dieu. Mes enfans, Dieu vous a enseigné sa loy, confiez-vous en luy, soyez luy obeïssant jusques à la mort. Avez vous esté presens lors que Jacob estoit proche de la mort ? & lors qu’il a dit à ses enfans, qu’adorerez vous apres moy ? Ils ont respondu, Nous adorerons ton Dieu, le Dieu de nos Peres Abraham, Ismaël & Isaac un seul Dieu, nous nous sommes resignés à sa volonté ; Le bien que ces personnes ont gagné leur est demeuré, & le mal que vous ferez sera contre vous ; Ne vous informez pas de ce qu’ils faisoient. Ils ont dit, soyez Juifs ou Chrestiens, vous suivrez le droict chemin ; Dis leur, Au contraire, la loy d’Abraham est tres-juste, il n’estoit pas au nombre de ceux qui croyoient en plusieurs Dieux. Dittes, Nous croyons en Dieu, en ce qu’il a inspiré à Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, & aux Tribus, en ce qui a esté enseigné à Moise, à Jesus, & à tous les Prophetes, nous sommes resignez en Dieu ; s’ils croyent comme vous, ils ne seront pas devoyez, s’ils abandonnent vostre foy, ils auront querelle avec vous, mais Dieu vous protegera, il [ 20] entend tout ce qu’ils disent, & sçait tout ce qu’ils font, il a purifié sa loy, & quelle meilleure purification y a-t’il que celle de sa Divine Majesté. Dis leur, disputerez vous avec nous de Dieu, qui est nostre Seigneur & le vostre ? Nous respondrons de nos actions, & vous respondrez des vostres, toute nostre confiance est en sa Divine volonté ; Direz-vous qu’Abraham, Isaac, Jacob & les Tribus estoient Juifs ou Chrestiens ? estes vous plus sçavans que Dieu ? Qui est plus injuste que celuy qui cele les miracles qu’il a vû proceder de Dieu ? il n’est pas ignorant de ce que vous faictes ; le bien que ces personnes ont fait leur est demeuré, & le mal que vous ferez sera contre vous, ne vous informez pas de ce qu’ils faisoient. Quelques ignorans d’entre le peuple diront ; leur Prophete ne leur a pas ordonné de tourner la face du costé qu’ils la tournoient cy devant lors qu’ils faisoient leurs oraisons. Dis leur, le levant & le ponant sont à Dieu, il conduit au droit chemin qui bon luy semble. Comme nous vous avons mis au droit chemin, nous vous avons aussi ordonné de faire ce qui est juste, afin que vous soyez tesmoins contre le peuple au jour du Jugement, & que le Prophete soit tesmoin contre vous. [22] Je n’ay pas ordonné de tourner la face du costé que vous la tourniez cy devant lors que vous faisiez vos oraisons, afin de cognoistre ceux qui suivront le Prophete, & ceux qui retourneront en leur impieté. Il sera facheux au peuple de se tourner de ce [ 21] costé, excepté à ceux que Dieu a conduit au droit chemin. Dieu ne veut pas aneantir vostre croyance, il est clement & misericordieux à son peuple. Je vois qui tu esleve ta face au Ciel, tourne toy du costé qui t’agréra, tourne toy du costé de la Meque en quelle part que tu sois. Ceux à qui a esté donnée cy-devant la science des escritures [23] sçavent que la verité procede de leur Seigneur, ce qu’ils font n’est pas caché à Dieu, lors que tu les rencontreras, & qu’ils ne se tourneront pas comme toy faisans leurs oraisons, ne te tourne pas aussi comme eux, ils ne se tournent pas tous de mesme costé, ne suis pas leurs appetis apres avoir compris la science qui t’a esté inspirée, autrement tu seras au nombre des injustes. Plusieurs de ceux à qui nous avons donné la cognoissance de la loy escrite, la comprennent parfaictement, comme aussi leurs enfans, neantmoins ils celent la verité, & ne sont pas ignorans, qu’elle procede de ton Seigneur : ne sois pas au nombre de ceux qui en doutent. Tourne-toy tousjours du costé de la Meque ; fais bien en quelle part que tu sois, Dieu sera avec toy, il est tout Puissant ; De quel lieu que tu sorte tourne ta face du costé de la Meque, cela est raisonnable & ordonné par ton Seigneur. Ce que vous faites n’est pas caché à Dieu, en quelle part que vous soyez tournez-vous du costé de la Meque, afin que personne ne trouve à redire en vos actions que les injustes, ne les craignez-pas & me craignez : j’accompliray ma grace sur vous, & [ 22] vous serez conduits par le droict chemin. Nous vous avons envoyé un Prophete de vostre nation qui vous enseignera mes commandements & vous purifiera Il vous enseignera l’Escriture, la science & ce que vous ne sçavez pas. Souvenez-vous de moy, je me souviendray de vous, loüez moy & ne soyez pas au nombre des impies. O vous qui estes vray-croyans, demandez secours avec patience & oraisons. Certainement Dieu est avec ceux qui sont patients, Ne dites pas que ceux qui sont tuez pour la defence de sa loy sont morts, au contraire, ils sont vivans, mais vous ne le sçavez pas. Je vous esprouveray, & vous affligeray par la perte de vos biens & maladie de vos personnes, le Paradis sera pour ceux qui seront patiens, & qui diront en leur affliction ; Nous sommes resignez en Dieu, & retournerons devant luy, pour estre jugés, sa grace sera sur eux, & ne seront pas devoyez. Safa & Meroa [24] sont des marques de sa Puissance, celuy qui fera le pelerinage de la Meque, ne fera pas mal de visiter ces deux lieux, celuy qui obeïra fera bien. Dieu recompense ceux qui font de bonnes œuvres, & sçait tout. Je donneray ma malediction à ceux qui celeront mes commandemens, ils seront maudits de tout ce qui est au monde, excepté ceux qui se convertiront, qui feront de bonnes œuvres, & auront mis en lumiere ce qu’ils avoient caché, je leur donneray ma grace, je suis clement & misericordieux. Les impies qui sont morts en leur impieté [ 23] seront maudits eternellement de Dieu, des Anges, & de tout le monde, ils ne seront jamais allegez en leurs tourmens, & seront sans fin privez de protection. Vostre Dieu est un seul Dieu, il n’y a point de Dieu, que Dieu clement & misericordieux ; La Creation des Cieux & de la Terre, la difference du jour & de la nuict, le Navire qui court sur la Mer pour l’advantage du commerce, la pluye qui tombe du Ciel pour donner la vie à la Terre apres sa mort, la diversité des vents, & les nuages qui se meuvent entre le Ciel & la Terre, sont des signes de l’unité de Dieu à ceux qui le sçavent comprendre ; Il y a des personnes qui adorent les Idoles, & les ayment, les vray-croyans n’ayment qu’un seul Dieu ; lors que tu verras les impies, sçache qu’ils verront un jour la punition de leurs crimes. Toute force & vertu procede de Dieu, tres rude en ses chastimens. Lors qu’une partie de ceux qui avoient embrassé la vray loy se sont separez de la compagnie des vray-croyans, & qu’il leur est arrivé quelque malheur, ils n’ont pû se reünir ensemble ; Alors ils ont dit dans leur affliction. Si nous rencontrons une autrefois nos compagnons nous nous esloignerons d’eux, comme ils se sont esloignez de nous, [25] ainsi Dieu leur fera cognoistre leur faute avec un tres-grand regret, & seront eternellement confinez dedans le feu d’Enfer. O peuple, Mangez de ce qui est en terre bon & savoureux, & ne suivés pas les vestiges du Diable, il est vostre ennemy [ 24] descouvert ; il vous commandera le mal & la saleté, & de dire de Dieu ce que vous ne sçavez pas. Lors qu’on a dit aux infidelles, obeïssez aux commandemens de Dieu, ils ont dit, Nous en suivons les vestiges de nos Peres, nous observons ce qu’ils ont observé, certainement leurs Peres n’estoient pas sages ny bien conduis, ils sont semblables à celuy qui crie & n’entend rien de ce qu’il dit que la voix, ils sont sourds, muets, aveugles, & sans jugement. O vous qui croyez en Dieu, mangez des biens qu’il vous a donnés & l’en remerciez, si c’est luy que vous adorez. Il vous deffend de manger des charognes, du sang, de la chair de pourceau, & de tout ce qui n’est pas tué en proferant le nom de sa Divine Majesté, excepté à celuy qui est en extreme necessité, en ce cas il ne luy sera pas reputé à desobeïssance, ny à peché, Dieu est benin & misericordieux, ce que mangeront ceux qui celent la parolle de Dieu pour quelque profit & avantage, ne sera que matiere de feu dedans leur ventre. Dieu ne leur parlera au jour du Jugement qu’avec courroux, il ne les purifiera pas, & souffriront des tourmens rigoureux. Ceux qui ont achepté le fourvoyement pour le droit chemin, & la punition pour le pardon, brusleront de dans le feu d’Enfer, par ce que Dieu a envoyé le Livre tres-veritable qui contient ses commandemens, ceux qui impugnent ce qui est contenu dans ce Livre sont dans une tres-grande erreur esloignée de la verité. Ce n’est pas [ 25] justification de tourner la face faisans vos oraisons du costé du levant ou du ponant, celuy sera justifié qui croira en Dieu, au jour du Jugement, aux Anges, aux escritures, & aux Prophetes, & qui par charité départira quelque partie de ses biens à ses parens, aux orphelins, aux pauvres, aux pelerins, & aux esclaves. Ceux qui croyent en Dieu, & qui ont sa crainte devant les yeux, perseverent en leurs oraisons, ils payent les decimes, ils satisfont à leurs promesses, & sont patiens en leurs adversitez. O vous qui croyez, le Talion vous est ordonné au meurtre, le libre pour le libre, l’esclave pour l’esclave, la femme pour la femme ; Que si quelqu’un pardonne le sang de son frere, il poursuivra le mal faicteur selon qu’il verra plus à propos par dommages & interests ; c’est une facilité que Dieu vous donne par sa misericorde. Celuy qui fera tort au mal-faicteur apres avoir receu satisfaction de luy, souffrira des tourmens douloureux au jour du Jugement, vous trouverez la vie au Talion. O vous qui estes sages, peut-estre que vous craindrez Dieu ; Il vous est ordonné de faire vostre testament lors que vous serez proche de la mort ; faites des legs de vos biens à vos pere & mere, à vos proches parens, & faites des aumosnes aux pauvres ; Si quelqu’un altere vostre testament, le peché en sera sur luy, & sur tous ceux qui l’altereront, Dieu entend tout & sçait tout ; Si quelqu’un craint qu’il y ait erreur en ce testament qui repugne à la raison, il fera bien d’accommoder [ 26] les parties par amiable, Dieu est clement & benin. O vous qui croyez, le jeusne vous est orné comme il l’a esté à ceux qui vous ont precedez, vous craindrez Dieu & jeusnerez particulierement un certain nombre de jours ; que si quelqu’un d’entre vous est malade, ou est en voyage au temps du jeusne, il comptera les jours qu’il ne jeusnera pas, & les remplacera en un autre temps. Ceux qui n’auront pas la force de jeusner, satisferont au jeusne par aumosnes ; celuy qui obeyra fera bien, si vous jeusnez vous ferez bien ; Jeusnez le mois de Ramazan, auquel l’Alcoran est descendu du Ciel pour conduire le peuple au droict chemin, il contient les preceptes du droict divin, & distingue le bien d’avec le mal, tous ceux qui arriveront à ce mois doivent jeusner ; celuy qui sera malade ou en voyage, remplacera les jours qu’il ne jeusnera pas en un autre temps à sa commodité : Dieu veut que sa Loy vous soit legere, & non pas pesante ; il veut que vous accomplissiez les jours du jeusne, & que vous luy rendiez graces de ce qu’il vous a conduis par le droit chemin, peut-estre que vous l’en remercierez. Je seray auprés de mes serviteurs, lors qu’ils t’interrogeront des mysteres de ma loy, j’exauceray leurs prieres lors qu’ils m’invoqueront, afin qu’ils perseverent en l’obeïssance de mes commandemens, peut estre qu’ils suivront le droit chemin. Il vous est permis de cognoistre vos femmes la nuit du jeusne, [26] elles vous sont necessaires comme vos [ 27] vestemens, & vous leur estes necessaires aussi comme leurs vestemens, Dieu sçait qu’autrement vous eussiez trahy vos ames, il vous a esté benin, & vous a pardonné, cognoissez-les, & faites ce que Dieu vous a ordonné Beuvez & mangez jusques à ce que vous distinguiez le filet blanc & le filet noir par la lumiere de l’Aurore, alors commencez à jeusner jusques à la nuit ; ne cognoissez pas vos femmes lors que vous serez dans le Temple ; Telles sont les bornes prescrites de Dieu, ne les outrepassez pas : ainsi Dieu manifeste ses commandemens au peuple, peut-estre qu’il aura la crainte de sa divine Majesté devant les yeux. Ne depensez pas vos biens inutilement & par vanité, & ne corrompez pas les Juges par dons & par presens pour manger malicieusement le bien d’autruy. On vous interrogera sur la nouvelle Lune, dites, que c’est la marque du temps ordonné pour les pelerinages. Il n’est pas raisonnable que vous entriez aux maisons d’autruy par derriere ; celuy qui craint Dieu fait bien d’y entrer par la porte ; craignez Dieu, vous serez bien-heureux, combattez pour sa loy contre ceux qui vous attaqueront, & ne faites tort à personne, il n’ayme pas ceux qui sont injustes ; fuïez les infidelles où vous les trouverez, & les mettez hors du lieu dont ils vous auront chassés, la sedition est pire que le meurtre, ne les combattez pas à la Meque jusques à ce qu’ils vous attaquent, s’ils vous y combattent, tuez-les, telle est la punition des infidelles ; s’ils mettent [ 28] fin à leur infidelité, Dieu leur sera clement & misericordieux : Combattez-les pour éviter sedition, la foy procede de Dieu ; s’ils mettent fin à leur impieté, vous n’exercerez point d’hostilité contr’eux, mais seulement contre les meschans : S’il vous combattent au mois de Mharam, vous les combattrez aussi en ce mesme mois, & observés aux honneurs le reciproque. Offensez ceux qui vous offenseront en ce mois de mesme façon qu’ils vous auront offensés ; Craignez Dieu, & sçachez qu’il est avec ceux qui le craignent, depensez pour sa gloire, & ne vous jettez pas vous-mesmes dans vostre ruine, faites bien, il ayme ceux qui font bien, accomplissez le pelerinage ordonné, si vous n’estes empeschez par vos ennemis, ou si vous n’avez la commodité de l’accomplir. Ne rasez pas vos testes que vous ne soyez arrivez au lieu ordonné pour les sacrifices, si quelqu’un de vous est malade ou a mal à la teste, il y satisfera par jeusne, aumosne & sacrifices lors que vous serez en lieu d’assurance & à couvert de vos ennemis. Ceux qui seront empeschez d’accomplir le pelerinage ; & ceux qui n’ont pas du bien pour satisfaire aux sacrifices ordonnez, jeusneront trois jours pendant le temps du pelerinage, & sept jours à leur retour, qui est en tout dix jours s’ils ne sont pas domiciliez à la Meque avec leur femme & leur famille. [27] Craignez Dieu, & sçachez qu’il est rude en ses chastimens. Le pelerinage se doit faire en un certain mois, ceux qui le voudront faire au [ 29] temps prescrit, ne cognoistront pas leurs femmes, ils seront humbles, & n’auront point de querelle en ce voyage, Dieu sçait tout le bien que vous faites, il augmentera vos facultez, il est tres-grand remunerateur. O vous qui estes sages craignez moy, vous ne pechez pas de demander du bien à vostre Seigneur, & de faire commerce en ce voyage. Lors que vous sortirez de la montagne d’Arefat, souvenez-vous de Dieu en celle de Mouchar, souvenez vous comme il vous a conduit, & comme vous estiez auparavant devoyez, passez par où ce peuple a accoustumé de passer, Le Bedaoi dit, paſſez par où Adam & Abraham ont paſſé. & demandez pardon à Dieu, il est clement & misericordieux. Lors que vous aurez accomply vos oraisons, souvenez-vous de Dieu avec affection comme vos peres se sont souvenus de vous. Il y a des personnes entre le peuple qui disent, Seigneur donne-nous du bien en ce monde, & n’ont point de part en l’autre ; Il y en a d’autres qui disent, Seigneur donne nous du bien en ce monde, le Paradis en l’autre, & nous garde du feu d’Enfer ; Ils trouveront tous le bien & le mal qu’ils auront fait, Dieu est exact à faire compte. Celuy qui advancera son voyage de deux jours ne pechera pas, ny celuy qui le retardera, s’il craint Dieu ; Craignez Dieu, & sçachez que vous serez tous un jour assemblez devant sa divine Majesté pour estre jugez. Il y a des personnes que leur parole t’agréera en ce monde, ils appelleront Dieu à tesmoin de ce qui est en leur cœur : neantmoins ils sont tres- [ 30,] pernicieux , lors qu’éloignez de toy, & qu’ils cheminent sur la terre, ils y font des saletez, ils ruïnent les labourages & les fruits, Dieu n’ayme pas les desordres ; Lors qu’on leur a dit, craignez Dieu, l’orgueil les a saisi avec le peché, mais l’Enfer sera leur habitation. Il y en a entre le peuple qui vendent leurs personnes propres, à cause du grand desir qu’ils ont de complaire à Dieu, certainement il est clement à ceux qui le servent. O vous qui croyez en Dieu, soyez obeïssans à ses commandemens, & ne suivez pas les vestiges du Diable ; il est vostre ennemy découvert, si vous offencez Dieu aprés avoir compris ses commandemens, sçachez qu’il est tout puissant pour vous chastier, & qu’il est prudent en ses œuvres. [28] Les impies attendront-ils que Dieu leur apparoisse dans l’obscurité d’une nuë ? ou bien les Anges avec commandement de les exterminer, ils seront tous assemblez devant sa divine Majesté pour estre jugez. Demandez aux enfans d’Israël combien on leur a fait voir de miracles ; celuy qui alterera la grace qu’il aura receuë de Dieu, sera rigoureusement chastié. Les Impies estiment la vie du monde, & se moquent de ceux qui croyent en Dieu ; mais ceux qui craindront Dieu seront par dessus eux au jour du Jugement, il enrichy de ses biens sans compte qui bon luy semble. Le monde estoit tout d’une Religion auparavant que l’impieté eut lieu, [29] Dieu a envoyé des Prophetes pour instruire le peuple, pour luy remonstrer son erreur, & pour luy [ 31] annoncer les joyes du Paradis ; il a envoyé avec eux le livre veritable pour juger les differens qui estoient entre les hommes, personne n’a contredit à ce qu’il contient, que ceux qui avoient cognoissance de l’escriture, [30] & ce à cause de l’envie qui est arrivée entr’eux. Dieu a conduit ceux qui ont observé ses commandemens, & ceux qui par sa permission ont obey à sa volonté, il conduit au droict chemin qui bon luy semble. Croyez-vous d’entrer en Paradis sans qu’il vous arrive ce qui est arrivé à ceux qui vous ont precedé ? Ils ont esté touchez de la misere & des maladies, & ont tremblé jusques à tel point que le Prophete a dit aux vrays croyans qui estoient avec luy, Quand viendra le secours divin ? encore que le secours divin ne fut pas éloigné. Ils t’interrogeront sur ce qu’ils doivent dépenser ; dis leur, vous ayderez de vos biens vos pere & mere, vos alliez, les orphelins, les pauvres, & les pelerins ; Dieu sçaura tout le bien que vous ferez. Les combats vous sont ordonnez encore que ce soit contre vostre volonté, il peut arriver que vous fuïrez une chose qui vous est utile, & peut arriver que vous aymerez une chose qui vous est pernicieuse, Dieu sçait ce que vous ne sçavez pas. On t’interrogera s’il y aura des combats au mois de Mharam, dis leur, qu’il y aura de grandes batailles en ce mois, qui fermeront au peuple le chemin de la loy de Dieu, & des impietez, qui empescheront le monde d’aller à la Meque. Chasser le peuple de la [ 32] Meque est un tres-grand peché, la sedition est pire que le meurtre. Les impies ne cesseront de vous combattre, jusques à ce qu’ils vous ayent devoyés de vostre Religion s’ils le peuvent faire ; les bonnes œuvres de celuy d’entre vous qui quittera sa loy, & qui mourra infidelle, seront vaines en ce monde, & sera confiné dedans le feu d’Enfer. Ceux qui croyent en Dieu, qui se separent des meschans, qui quittent leurs maisons pour le service de sa divine Majesté, & qui combattent pour la Foy, esperent sa misericorde, il est clement & misericordieux. Ils t’interrogeront sur le vin & les jeux de hazard, dis leur, qu’ils se rencontre en eux un tres-grand peché, & encore de l’utilité pour les hommes, mais que le mal qu’ils causent est plus grand que l’utilité qu’ils apportent. [31] Ils te demanderont ce qu’ils doivent dépenser en œuvres pies, dis leur ; ce que vous aurez de reste aprés vos affaires faites ; Ainsi Dieu vous enseigne ses commandemens, peut-estre que vous vous souviendrez des choses de la terre, & des choses du Ciel. Ils t’interrogeront des orphelins, dis leur, si leur bien est meslé avec le vostre, ne leur faites point de tort, ils sont vos freres en Dieu, il cognoit ceux qui font bien, & ceux qui font mal ; s’il eut voulu il vous eut beaucoup plus resserrés, car il est tout-Puissant & tout Juste. N’espousez pas les femmes qui croyent en plusieurs Dieux, jusques à ce qu’elles croyent en un seul Dieu, une esclave vraye croyante vaut mieux [ 33] qu’une infidelle libre, encore qu’elle vous soit agreable, Les infidelles seront appellez au feu d’Enfer, & Dieu appelle les hommes au Paradis & à sa misericorde par sa pure volonté, & leur manifeste ses commandemens, peut-estre qu’ils s’en souviendront. On t’interrogera des menstruës des femmes, responds qu’elles sont sales ; separez vous des femmes lors qu’elles auront leurs mois, & ne les approchez pas jusques à ce qu’elles soient purifiées ; lors qu’elles seront nettes, approchez-vous d’elles selon que Dieu le commande ; il ayme ceux qui sont repentans de leurs fautes, qui sont nets & purifiez. Vos femmes sont vos labourages, approchez de vostre labourage à vostre volonté, & faites du bien pour vos ames, vous le trouverez un jour, craignez Dieu & preschez ses commandemens aux vray-croyans. Vostre Religion ne vous permet pas de jurer Dieu en vain & souvent pour vous justifier, Dieu entend tout & sçait tout, il n’aura pas esgard à ce que vous direz à la volée qui ne sera nuisible à personne, mais il verra ce qui sera dans vostre cœur. Il sera clement & misericordieux à ceux qui jureront de ne pas toucher leurs femmes l’espace de quatre mois ; s’ils retournent à elles, il est clement & misericordieux, que s’ils les veulent repudier, il entend tout & sçait tout. Les femmes repudiées attendront que leurs menstruës soient passées quatre fois avant que de se remarier, il ne leur est pas permis de cacher ce que Dieu a creé dans leur ventre [ 34] si elles croyent en sa divine Majesté & au jour du Jugement, si elles fuyent leurs maris, elle leur seront ramenées, c’est une chose raisonnable ; Elles les doivent honorer, & leurs maris les doivent aussi honorer, mais les maris ont l’advantage d’un degré sur elles, Dieu est tout-Puissant & tres-Sage en ce qu’il ordonne. Le divorce la premiere & seconde fois, se doit faire avec douceur, honnesteté & bien-faits, il ne vous est pas permis de rien oster aux femmes de ce que vous leur avez donné, si vous craignez tous deux de ne pouvoir satisfaire aux commandemens de Dieu ; que si vous craignez tous deux de passer les bornes prescrites de Dieu, vous ferez bien de vous accommoder ensemble, tels sont les commandemens de sa divine Majesté, ne les outrepassez pas, ceux qui les outrepassent ont tres-grand tort. Celuy qui aura repudié sa femme trois fois, ne la pourra pas reprendre jusques à ce qu’elle ait esté mariée à un autre qui l’ait repudiée ; alors ils pourront retourner ensemble & se remarier sans peché, s’ils estiment pouvoir demeurer dans les bornes prescrites de Dieu, qu’il manifeste aux sages & prudens. Lors que vous repudierez vos femmes, dites leur le temps qu’elles doivent attendre avant que de se remarier, prenez-les avec civilité & honnesteté, & les delaissez de mesme façon, faites leurs des presens selon vos facultez, & ne les prenés pas pour les mal traiter, ne les tourmentés pas, ceux qui font cela offensent [ 35] leurs ames. Ne vous mocquez pas des commandemens de Dieu : Souvenez-vous de ses graces, & comme il vous a enseigné l’escriture, la science & les mysteres de sa Loy, Craignez Dieu, & sçachez qu’il sçait tout ce que vous faites. Lors que vous repudierez vos femmes, dites-leur le temps qu’elles doivent attendre avant que de se remarier, & ne les empeschez pas de se marier selon les commandemens de Dieu ; On presche ces choses à ceux d’entre vous qui croyent en Dieu, & au jour du Jugement, il est à propos d’en user ainsi ; Dieu sçait en cela ce que vous ne sçavez pas. Les femmes alleteront leurs enfans deux ans entiers, si elles veulent accomplir le temps ordonné pour les alleter, le pere nourrira & vestira la femme & ses enfans selon ses facultez, ne depensez que selon la portée de vos biens ; le pere & la mere ne se mettront pas en necessité pour leurs enfans : l’heritier fera comme a esté cy-dessus ordonné, (il entretiendra son pere & sa mere selon ses facultez,) si les parens veulent sevrer leurs enfans avant la fin de deux années, ils le pourront faire sans offenser Dieu s’ils en sont tous deux d’accord ; [32] Si vous faites nourrir vos enfans par d’autres femmes que par les vostres, Dieu n’en sera pas offensé, en leur donnant leur salaire selon la raison & l’honnesteté ; craignez Dieu & sçachez qu’il voit tout ce que vous faites. Les femmes vefves apres la mort de leurs marys attendront quatre mois & dix nuicts avant que de se remarier ; [ 36] lors qu’elles auront accomply ce temps, elles feront ce que bon leur semblera selon la raison & l’honnesteté, Dieu sçait tout ce que vous faites. Vous n’offenserez pas Dieu de dire quelque parole secrette aux femmes que vous recherchez en mariage, encor que vous cachiez dans vostre ame le dessein que vous avez de les espouser, il sçait que vous vous souviendrez d’elles, ne les cognoissez pas secrettement que vous n’ayez proferé les paroles ordonnées par la loy, & ne vous liez pas en mariage que le temps porté par l’escriture ne soit accomply ; Dieu sçait tout ce qui est en vos cœurs, prenez garde à vous, il est doux & clement à ceux qui le craignent. Il n’y a point de peché de repudier vos femmes avant que de les avoir touchées ; vous leur donnerez quelques presens, & leurs ferez du bien à proportion de vostre richesse ou de vostre pauvreté, & les traitterez civilement, ainsi en usent les gens de bien ; si vous les repudiez avant que de les toucher, & que vous leur ayez fait quelques presens d’habits, de meubles & d’autres choses, elles en auront la moitié, si elles ne vous la quittent, ou que le mary qui tient en sa main le nœud du mariage ne leur delaisse le tout par courtoisie : il est à propos de les gratifier, & de ne pas oublier les bien-faits entre vous, Dieu void tout ce que vous faites. Soïez sur vos gardes quand vous ferez vos oraisons, particulierement celle du midy, & soyez obeïssans à Dieu. Si vous avez peur de vos ennemis, & que vous ne vous [ 37] puissiez pas mettre à genoux ny accomplir les ceremonies qui vous sont ordonnées, ne laissez pas de dire vos oraisons à pied ou à cheval, & lors que vous serez delivrez de peur, souvenez-vous de Dieu, & comme il vous a enseigné ce que vous ne sçaviez pas. Ceux qui mourront feront du bien à leurs femmes par leur testament, ils leur donneront pour vivre le temps qu’elles doivent attendre avant que de se remarier, ne les chassez pas de vos maisons ; si elles en sortent, le peché ne sera pas sur vous de ce qu elles feront en leurs personnes. Dieu est tout-puissant & juste, vous ferez aussi du bien aux femmes que vous aurez répudiées selon vostre pouvoir, cela est raisonnable entre ceux qui craignent Dieu ; Ainsi Dieu vous enseigne ses commandemens, peut-estre que vous les comprendrez. Ne voyez-vous pas ceux qui sont sortis de leurs maisons à cause de la crainte qu’ils avoient de la mort ; ils sont des milliers en nombre, Dieu leur a dit ; Mourez : apres ce, il les a ressuscités, Dieu est le bien-faicteur du peuple, mais la plus grande partie ne le remercie pas de ses graces. Combattez pour sa loy, & sçachez qu’il entend tout & sçait tout ; Qui est celuy qui luy prestera un bien-fait ? il luy accroistra par multiplicité d’accroissemens, il oste & donne le bien à qui bon luy semble, vous retournerez tous devant luy pour estre jugez. Ne sçais-tu pas qu’une troupe des enfans d’Israël apres la mort de Moïse, a dit à leur Prophete, envoye-nous un Roy, nous con- [ 38] battrons avec luy pour la loy de Dieu, il leur a dit ; Avez vous desobey aux commandemens de Dieu ? Si on vous ordonne de combattre, vous ne le voudrez pas faire, Ils ont dit ; Nous n’avons point de desir plus grand que celuy de combattre pour la gloire de sa divine Majesté, nous sommes à ce sujet sortis de nos maisons & de celles de nos parens ; neantmoins lors qu on leur a commandé de combattre, ils se sont retirez, excepté quelques-vns d’entre-eux, mais Dieu cognoist bien ceux qui l’offensent, Leur Prophete leur a dit, Dieu vous a envoyé Saül pour estre vostre Roy, ils ont dit ; Pourquoy sera-t’il nostre Roy ? nous meritons mieux la Royauté que luy, il n’est pas assez riche, il a dit, Dieu l’a esleu pour vous commander, il a augmenté son sçavoir, & sa taille, il donne la Royauté à qui bon luy semble, il est liberal & prudent en tout ce qu’il fait, Leur Prophete leur a dit, le signe de son Regne sera que l’Arche vous apparoistra de la part de Dieu pour asseurer vos cœurs, dans laquelle sera contenu le reste de ce qu’a delaissé le peuple de Moïse & d’Aaron,, & sera portée par les Anges, cela vous servira de signe de son Regne si vous croyez en Dieu. Lors que Saül est sorty avec ses troupes pour combattre ses ennemis, il a dit, Dieu vous esprouvera par un fleuve, celuy qui boira de ce fleuve ne sera pas des miens, si ce n’est qu’il en boive avec la main, ils en ont beu à leur volonté, excepté fort peu d’entr’eux ; & apres avoir passé ce fleuve avec les vray [ 39] croyans, ils ont dit ; Nous n’avons pas aujourd’huy assez de force pour resister à Goliat & à ses troupes, mais ceux qui croyoient en Dieu & qui craignoient sa divine Majesté, ont dit, combien de fois une petite troupe a-t’elle deffait une grande armée par la permission de Dieu ? Il est avec ceux qui ont patience ; Lors qu’ils ont veu paroistre Goliat & ses trouppes, ils ont dit, Seigneur donne-nous patience, assure nos pas, & nous donne victoire sur les infidelles ; Ils ont vaincu leurs ennemis par la permission de Dieu, David a tué Goliat, & Dieu luy a donné la Royauté, & la science du futur ; [33] Si Dieu n’eust soûlevé les peuples les uns contre les autres, toute la terre auroit esté pleine de desordres, tels sont les miracles de Dieu, que je te declare avec verité, tu es veritablement un des Prophetes de sa divine Majesté. Nous avons donné aux Prophetes des graces aux uns plus qu’aux autres, plusieurs ont parlé à leur Seigneur, & les uns ont esté eslevez plus que les autres. Nous avons donné la science à Jesus Fils de Marie, & l’avons fortifié par le sainct Esprit. Si Dieu eust voulu, les Prophetes qui sont cy-devant venus n’auroient pas esté tuez apres avoir enseigné ses commandemens. Les hommes ont esté de differente opinion, il y a des personnes qui ont creu en Dieu, & les autres ont esté des impies, s’il eust plût à Dieu, ils n’auroient pas esté tuez, mais il fait ce qu’il veut. O vous qui estes vray-croyans, depensez en aumosne quelque partie des [ 40] biens que nous vous avons donnez avant que le jour vienne auquel on ne trouvera point de rençon, d’aumosnes, de protection, ny de prieres qui vous puissent secourir. Certainement les infidelles ont tres-grand tort ; Dieu ! il n’y a qu’un seul Dieu vivant & eternel, ne pensez pas qu’il sommeille ou qu’il dorme, tout ce qui est au Ciel & en la Terre est à luy, qui intercedera pour toy auprés de sa divine Majesté, sinon par sa permission ? Il sçait tout ce que font les hommes, & tout ce qu’ils ont fait, il ne sçavent rien que ce qu’il luy a pleu leur enseigner ; la largeur de son Throsne contient le Ciel & la Terre, & la conservation des deux ne luy est pas importune, il est tout-Puissant & glorieux. La loy ne doit pas estre abjurée, elle manifeste la difference de la foy & de l’impieté, celuy qui ne croit pas en Tagot ny au Diable, & croit en Dieu, s’est attaché au plus fort nœud qui ne se peut dénoüer, ny rompre, ny coupper ; Dieu entend tout & sçait tout, il ayde & protege ceux qui croyent en son unité, il les fera sortir des tenebres & les conduira dans la lumiere ; les impies auront Tagot & le Diable pour protecteur, il les fera sortir de la lumiere, & les conduira dans les tenebres, telles gens demeureront eternellement dedans le feu d’Enfer. Ne considerez-vous pas l’action de celuy à qui Dieu avoit donné la Royauté ? [34] comme il a disputé de Dieu avec Abraham ? Abraham luy a dit, Mon Seigneur est celuy qui donne la vie & la mort ; Il a dit, Moy ! Je donne [ 41] la vie & la mort à mes subjets quand bon me semble, Abraham respondit, Dieu fait lever le Soleil du costé de l’Orient, fais-le lever du costé de l’Occident, alors l’infidelle demeura confus. Dieu ne conduit pas les personnes injustes. As-tu consideré l’action de celuy qui a passé en un village desolé & ruyné, & a dit, comment est-ce que Dieu pourra donner la vie à ce village apres sa mort & le restablir apres une ruyne si grande ? alors Dieu l’a fait mourir, apres l’espace de cent ans il l’a fait ressusciter ; & luy a dit, Combien de temps as-tu demeuré icy ? il a respondu, j’y ay sejourné un jour & demy ; Au contraire, tu y as demeuré cent ans, considere ta viande & ton breuvage, qu’ils ne sont pas alterez par la longueur du temps, & regarde ton asne mort, voy ses os qui blanchissent, tu serviras d’exemple à tout le monde, & à la posterité, voy les os de ton asne, je les rassembleray & les revestiray de leur chair, voyant ce miracle il a dit, I’advoüe que Dieu est tout-Puissant. Souviens-toy comme Abraham a dit, Seigneur monstre-moy comme tu ressuscite les morts ; Dieu a dit, ne crois tu pas en ma toute-Puissance ? Il a respondu ; Oüy Seigneur, mais exauce ma priere pour le repos de mon cœur, il a dit, Prends quatre oyseaux, mets-les en pieces tous ensemble, & porte les pieces sur ces montagnes ; apres ce, appelle-les, ils viendront promptement à toy. Dieu sçait tout & est tres-prudent en ses œuvres. L’action de ceux qui depensent leurs biens pour sa [ 42] gloire est semblable à un grain de bled qui produit sept espics, & chaque espic produit cens grains, Dieu multiplie les biens de ceux que bon luy semble, il est liberal & sçait tout ; Ceux qui dépensent leur bien pour sa gloire sans repentir & sans reproche, seront recompensez par sa divine Majesté, & seront délivrez de peur & d’affection au jour du Jugement. Les bonnes paroles & le pardon sont preferez aux aumosnes suivies du repentir,, Dieu est tres-riche & misericordieux. O vous qui croyez en Dieu, ne rendez pas vos aumosnes inutiles par le repentir & par le reproche, comme font ceux qui font des aumosnes par ostentation & par hipocrisie, ils ne croyent pas en Dieu ny au jour du Jugement, leurs bonnes œuvres sont semblables au rocher sur lequel il y avoit un peu de terre, il est arrivé une grande pluye qui la emportée & n’a rien laissé dessus ; leur travail leur sera inutile, & n’en recevront point de merite, car Dieu n’ayme pas les hipocrites ny les impies. L’action de ceux qui font des aumosnes pour complaire à Dieu, ou pour sauver leurs ames, est semblable à un grain semé en un haut lieu, auquel il est arrivé une grande ou une legere pluye, qui a fait multiplier son fruict, Dieu voit tout ce que vous faites : Y a-t’il quelqu’un d’entre vous qui souhaitte d’avoir un jardin eurichy de palmiers & de raisins ? auquel coulent plusieurs fontaines & ruisseaux, qui soit remply de toute sorte de fruits, que la vieillesse l’attrape avec des enfans jeunes & [ 43,] foibles, & qu’il vienne un vent chaud qui brusle son jardinage ? Dieu vous enseigne ainsi ses mysteres, peut-estre que vous vous en souviendrez. O vous qui croyez, dépensez en œuvres pies, & faites des aumosnes des biens que vous avez acquis, & des fruits de la terre que Dieu vous a donnez, ne souhaittez pas du bien mal acquis pour en faire des aumosnes, elles ne seront receuës qu’à vostre honte, & sçachez que Dieu est tres riche & digne de loüange. Le Diable vous fera peur de la pauvreté, & vous commandera la salleté, & Dieu vous promet sa grace & sa misericorde, il est liberal & sçait tout, il donne la science à qui bon luy semble, & à celuy à qui a esté donné la science, a esté donné un tres-grand tresor, duquel personne ne fait cas que les sages, Dieu void les aumosnes & les vœux que vous faites, & les meschans seront privez de protection au jour du Jugement. Si vous faites paroistre vos aumosnes ce ne sera pas mal fait, si vous les celez vous ferez bien, cela couvrira plusieurs de vos pechez, Dieu sçait tout ce que vous faites. Vous n’estes pas obligé de mettre le peuple au droit chemin, Dieu conduit qui bon luy semble, le bien & les aumosnes que vous ferez seront pour vos ames, ne depensez en aumosnes que pour l’amour de Dieu, vous serez recompensez des bonnes œuvres que vous ferez, & ne vous sera point fait d’injustice. Soyez bien-faicteurs envers les pauvres qui se sont incommodez pour le service de Dieu, & qui ne peuvent pas [ 44] travailler ; Les ignorans les croiront riches à cause de leur probité & de leur bonté,, vous les cognoistrez à leur phisionomie & en ce qu’ils ne demanderont rien au monde avec importunité, Dieu sçaura le bien que vous leur ferez ; Ceux qui font des aumosnes, ou de jour ou de nuit secrettement ou publiquement seront recompensez de Dieu, il ne faut rien craindre pour eux, ils seront exempts d’affliction au jour du Jugement. Les usuriers ressusciteront semblables aux demoniacles, parce qu’ils ont dit que le commerce est semblable à l’usure, Dieu permet le commerce, & deffend l’usure, celuy auquel est arrivé la parole de Dieu, & qui a quitté l’usure, le passé est à luy, Dieu luy pardonnera sa faute : mais celuy qui retournera exercer l’usure apres l’avoir quittée sera chastié dedans le feu d’Enfer, Dieu abhorre l’usure, il ayme ceux qui sont aumosniers, & n’ayme pas les infidelles. Ceux qui croyent en Dieu, qui font de bonnes œuvres, qui font leurs oraisons au temps ordonné & payent les decimes, seront recompensez par sa divine Majesté, ils seront delivrez de peur & d’affliction au jour du Jugement. O vous qui croyez en Dieu, ayez sa crainte devant les yeux, & delaissez l’usure si vous voulez obëir à ses commandemens, si vous ne le faites, Dieu & son Prophete vous feront la guerre, si vous vous convertissez vostre principal vous demeurera, ne faites injustice à personne, il ne vous en sera point fait. Si vos debiteurs ne vous peuvent pas payer & sont en necessité, vous ferez [ 45] bien d’attendre leur commodité, si vous leur faites quelque aumosne, vous ferez bien, Craignez le jour que vous retournerez tous devant Dieu, & que chacun sera payé sans injustice de ce qu’il aura gagné. O vous qui croyez en Dieu, lors que vous vous chargerez de quelque debte, faites-en dresser un acte, le Notaire escrira le contract entre vous conforme à la Justice, & ne refusera pas d’escrire comme Dieu luy a enseigné, mais le debiteur satisfera entierement à ce qu’il devra, & aura la crainte de son Seigneur devant les yeux : Si celuy qui est debiteur est fol ou malade, & n’y peut pas satisfaire luy-mesme, son tuteur ou celuy qui aura soin de ses affaires y satisfera pour luy ; Apellez deux tesmoins avec vous ; si vous ne pouvez trouver deux hommes, un suffira avec deux femmes, desquelles le tesmoignage vous sera agreable, si l’une manque à son devoir, l’autre l’en fera ressouvenir, les tesmoins ne refuseront pas leur tesmoignage, encor qu’ils soient apellez en plus grand nombre ; ne faites pas difficulté d’escrire vostre tesmoignage, soit qu’il s’agisse de peu ou de beaucoup, & limitez le temps auquel le payement doit estre fait, telles escritures sont justes devant Dieu, donnent plus de force au témoignage, & sont à propos pour empescher que vous ne vous plaigniez les uns des autres ; Si vostre marchandise est presente vous la prendrez entre vous à l’heure mesme, alors vous ne pecherez pas de ne point faire d’escriture ou de contract. [ 46] Appellez des tesmoins lors que vous vendrez & achepterez, les tesmoins ny le Notaire n’en recevront aucun dommage. Si vous faites ce qui vous est deffendu vous ferez tres-mal, craignez Dieu il vous enseignera ses commandemens, il sçait tout. Si vous estes en voyage, & que vous ne treuviez point de Notaire, vous donnerez des gages. Si l’un se fie à l’autre, celuy à qui l’on se sera fié satisfera à sa promesse, & craindra Dieu son Seigneur : personne ne celera son tesmoignage, celuy qui le celera pechera en son cœur, Dieu sçait tout ce que vous faites. Tout ce qui est au Ciel & en la Terre est à Dieu, soit que vous cachiez ou que vous manifestiez ce qui est dans vos ames, il vous en demandera compte, il pardonne & chastie qui bon luy semble, & est tout Puissant. Le Prophete a crû en tout ce que Dieu luy a envoyé, comme aussi tous les vray-croyans ; Ceux qui croyent en Dieu, aux Anges, aux escritures, & generallement à tous les Prophetes sans exception, disent : Nous avons oüy & obey ; Pardonne-nous ô Seigneur ! tu és nostre refuge. Dieu ne demande pas à la personne plus qu’elle ne peut faire, le bien que l’homme fera sera pour luy, & le mal qu’il fera sera aussi contre luy. Seigneur excuse-nous si nous t’avons oublié & peché ; Seigneur ne nous charge d’aucun fardeau pesant comme tu as chargé ceux qui nous ont precedés, ne nous charge de ce que nous n’avons pas la force de supporter, efface nos pechés, donne-nous ta misericorde tu és nostre [ 47] Seigneur, donne-nous victoire contre les infidelles.

notes originales réduire la fenêtre

[1] Voy la grammaire D’Erpenius.

[2] Voy l’explication de Gelaldin.

[3] Voy Gelaldin

[4] Voy Kitab el-tenoir.

[5] Kitāb al-tafsīr wa-l-mufassirūn fî ġarb ifrīqiya, Dār al-Ǧawzī, Le Caire, 2005, vol. 1, p. 332.

[6] Muḥammad ibn Abī al-Qāsim al-Raba‘ī, al-Tanwīr fī l-tafsīr, Istanbul, Bibliothèque Nuruosmaniye, ms. 449/597, f. 2 v°.

[7] Il s’agit d’un livre sur la biographie de tous les oulémas musulmans du premier siècle de l’hégire jusqu’au huitième : celui d’Ibn Ḥagar. (Aḥmad ibn Ḥagar Al-‘Asqalānī, Al-Durar al-kāmina fī ’a‘yān al-mi‘a al-ṯāmina, Maglis Da’ira al-Ma‘ārif al-‘Uṯmāniyya, Hayderbad, , 1972, vol. 1, p. 208).

[8] C’est Lalcoran le nouveau & l’ancien Testament.

[9] Gelaldin dit que les innocens tuent les criminels.

[10] Nous vous avons pardonné. Voy Gelaldin.

[11] Voy Gelaldin, il dit que c’est Hierusalem. Voy Kitab el-Tenoir.

[12] Voy Gelaldin.

[13] Voy Kitab el tenoir

[14] Les Turcs croyent qu’un homme ressuscita lors qu’il fut frappé de la langue de ceste vache. Voy le Bedaoi.

[15] Voy Gelaldin.

[16] Voy Kitab el tenoir.

[17] Les Turcs croyent que Dieu esleva une montagne sur les enfans d’Issraël, pour les tenir à l’ombre. Voy le Bedaoi.

[18] C’est Mahomet.

[19] Arot & Marot Magiciens.

[20] Ce sont les Juifs et les Chrestiens qui ont la loy escrite. Voy Gelaldin.

[21] Le lieu d’Abraham est une oratoire au Temple de la Meque.

[22] Voy Gelaldin.

[23] Ce sont les Juifs et les Chrestiens qui ensuivent la loy escrite.

[24] Safa & Meroa sont deux montagnes auprés de la Meque.

[25] Voy kitab el tenoir.

[26] Voy Gelald.

[27] Voy l’explication de Chafai.

[28] Voy Gelaldin.

[29] Voy Kitab el tenoir.

[30] Ce sont les Juifs & les Chrestiens. v. Gelald.

[31] Voy Gelaldin.

[32] Voy Gelaldin.

[33] Voy Gelald.

[34] C’est Nembrot.. Voy Gelaldin.

Notes Coran 12-21 réduire la fenêtre detacher la fenêtre

Il s’agit de la Grammatica arabica de l’orientaliste néerlandais Thomas van Erpe (1584-1624), connu également sous son nom latinisé Erpenius. Publié en 1613 à Leyde, ce traité est considéré comme la première grammaire européenne de l’arabe. Ce texte est cependant le fruit d’un long processus d’érudition franco-néerlandaise sur la langue arabe. En effet, Erpenius a été l’élève du chronographe, philologue et historien français Joseph Juste Scaliger. Ce dernier s’est initié à l’arabe auprès de l’humaniste et orientaliste français Guillaume Postel, lui-même auteur en 1538 d’une Grammatica arabica. La grammaire d’Erpenius est par ailleurs imprimée par le fils d’un autre élève de Postel, à savoir le linguiste François Ravlenghien, dit Raphelengius. En outre, Erpenius a profité de la période qui précède la publication de cette grammaire pour parfaire son arabe, durant un séjour en France vers 1609. Il a été assisté dans cette entreprise par le voyageur copte Yūsuf ibn Abī Ḏaqn, plus connu en Europe sous le nom Josephus Abudacnus ou Barbatus. Erpenius a également bénéficié lors de ce séjour de l’apport linguistique du traducteur et diplomate morisque Aḥmad ibn Qāsim al-Ḥaǧari.

Alīf, lām, mīm (الم)
Six sourates sont introduites par ces trois lettres, qui font l’objet de versets à part entière. Il s’agit des sourates ii, iii, xxix, xxx, xxxi et xxxii. L’auteur du Tanwīr rapporte le recensement effectué par al-Rāzī de tout ce qui a été glosé sur le sujet, et notamment des différentes explications attribuées à Ibn ‘Abbās. Parmi les thèses relatées figurent celles-ci :
- Ces lettres sont les titres des sourates qui les contiennent.
- Elles font partie des noms de Dieu.
- Elles évoquent des noms connus. Ainsi, alif renverrait à Allāh (الله, Dieu) ; le lām à Gibrīl (جبريل, l’archange Gabriel) ; et le mīm à Muḥammad (محمد, le prophète Muḥammad).
- Elles sont les initiales d’attributs divins, et dans le cas de ces sourates, alif signifierait anā (أنا, Moi ou Je suis) ; le lām équivaudrait à Allāh (الله, Dieu) ; et le mīm  indiquerait  A‘lam (أعلم, qui sait mieux). Ce qui donne : « Je suis Dieu, celui qui sait mieux », ou « Moi, Dieu le meilleur connaisseur ».
Dans cette multitude d’interprétations, le choix de Du Ryer semble se porter sur la dernière : il décide de rendre constamment alif, lām, mīm par « Je suis Dieu tres-Sage ». Le terme « sage », qui correspond à ḥakīm (حكيم, sage) en arabe, pourrait suggérer que Du Ryer opte pour cette interprétation en se fondant notamment sur la dernière lettre de ce mot (le mīm dans ḥakīm), d’autant plus qu’il traduit souvent ḥakīm par « sage » ou « tres-sage » comme dans ii, 32 et 228. LeTrésor de la Langue Française nous indique toutefois qu’à propos de Dieu, le terme « sage » « signifie qui possède la connaissance parfaite, le discernement parfait entre le bien et le mal ». Cette définition rapprocherait le choix de Du Ryer de l’interprétation « Je suis Dieu, celui qui sait mieux » émise par certains exégètes et citée par l’auteur du Tanwīr fī l-tafsīr. Nous formulons donc l’hypothèse d’un choix exégétique sélectif du traducteur, fondé sur sa lecture de ce commentaire.

Il s'agit du Tafsīr al-Ğalālayn. La plus grande partie des notes marginales de Du Ryer renvoie à ce commentaire coranique : on consultera à ce sujet notre notice introductive sur ce tafsīr.

Du Ryer renvoie ici au commentaire coranique appelé al-Tanwīr fī l-tafsīr du savant tunisien Ibn Ǧamīl al-Raba‘ī :
Muḥammad b. Abī al-Qāsim b. ‘Abd al-Salām b. Ǧamīl al-Raba‘ī al-Tūnisī est un érudit de rite malikite, exégète du Coran. Il naît à Tunis en 1241 où il effectue une partie de ses études avant de partir s’installer dans l’Égypte des Mamlouks (1250-1517). Il est nommé cadi du quartier al-ḥusayniyya au Caire, puis d’Alexandrie, d’où il est démis de ses fonctions vers 1309. Il retourne au Caire pour se consacrer à l’enseignement des sciences islamiques jusqu’à son décès en 1315 [5] . Il convient de souligner par ailleurs que les deux villes égyptiennes, Le Caire et Alexandrie, où al-Raba‘ī a vécu sont également celles où est passé Du Ryer en tant qu’étudiant d’abord, puis en tant que consul : ce qui explique probablement le fait que l’orientaliste français ait possédé l’ouvrage d’al-Raba‘ī.
Al-Raba‘ī est connu pour avoir composé des abrégés sur les écrits de référence dans les domaines du fiqh et du tafsīr. Ainsi, il résume le ’Anwār al-burūq fī anwā’ al-furūq, livre sur la jurisprudence malikite de l’Égyptien Šihāb al-Dīn Aḥmad b. Idrīs al- Ṣinhāgī al-Maṣrī (m. en 1285). Il en fait de même pour un autre ouvrage sur le malikisme intitulé al-Tafrī‘ fī fiqh al-imām Mālik ibn Anas, du savant irakien Abū al-Qāsim ‘Ubayd al-Allāh b. ḥusayn al-Ǧallāb (m. en 988). Son abrégé le plus célèbre est sans doute celui qu’il opère sur le tafsīr du théologien persan Faḫr al-Dīn al-Rāzī (1149-1209), intitulé Mafātiḥ al-ġayb ou al-Tafsīr al-kabīr. Il donne à son travail le titre d’al-Tanwīr fī l-tafsīr muḫtaṣar al-tafsīr al-kabīr li-Faḫr al-Dīn al-Rāzī, que l’on peut traduire littérairement par « L’édification sur le tafsīr, abrégé du Grand commentaire de Faḫr al-Dīn al-Rāzī». D’ailleurs, c’est à ce titre que Du Ryer fait allusion quand il glose « kitab el tanoir ».
Al-Raba‘ī accomplit l’éprouvante tâche de résumer un texte dont la densité lui vaut l’appellation d’al-tafsīr al-kabīr, c'est-à-dire le « Grand commentaire ». Il explique d’ailleurs sa démarche dans la préface de son abrégé : « j’ai en effet constaté que les copies [du tafsīr d’al-Rāzī] qui circulent sont de taille grande et contiennent beaucoup de fautes. Cela rend leur compréhension tellement compliquée qu’elle nécessite un long et fastidieux examen du contenu pour en saisir le sens, d’autant plus que ce tafsīr se distingue par ses illustrations denses et profuses. Dieu m’inspira de résumer le sens voulu par l’auteur dans la mesure de mon possible. Par ailleurs, effectuer ce travail procure des avantages, car il donne l’occasion de corriger le texte et dispense d’un long examen du contenu à cause des fautes [insérées par les copistes]. Il permet également une économie de temps dans la lecture, comme il facilite la réflexion sur le sens pour ensuite le reformuler en phrases simples. Je n’ai cependant supprimé de ce tafsīr que ce qui paraît incompréhensible ou ce qui a été largement développé [dans d’autres disciplines]. Ainsi, j’ai omis tout ce qui est relatif aux récits historiques, ou ce dont on n’a pas besoin comme la cosmologie ; je me suis astreins à donner les arguments suffisamment étayés par l’auteur et qui ont un rapport avec le tafsīr. J’ai réalisé ce travail pour ma propre personne, en souhaitant que le seul profit que j’en tire provienne de Dieu [6] ».
Force est de constater que le tafsīr d’al-Rāzī est l’un des plus développés et documentés des commentaires musulmans. En effet al-Rāzī scinde souvent les versets en petits fragments de mots qu’il accompagne d’une longue explication savante dans laquelle il cite et discute tous les avis dont il a connaissance sur le sujet. L’édition moderne de ce tafsīr comprend d’ailleurs trente-deux volumes. C’est dire qu’André Du Ryer, en quête d’un ouvrage simple et concis, ne pouvait que recourir à un abrégé pour accéder à ce livre.
Les informations que nous avons pu recueillir sur le Tanwīr fī l-tafsīr, resté à l’état manuscrit, nous indiquent sa conservation dans des bibliothèques de cinq pays : la France, la Tunisie, la Turquie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Nous avons pu consulter des exemplaires provenant des bibliothèques nationales des trois premiers pays : la Turquie, la Tunisie et la France.
Tout d’abord, le manuscrit turc provient de la Bibliothèque Nuruosmaniye d’Istanbul, et est conservé sous la cote 449/597. Il y est mentionné qu’il s’agit d’un don provenant d’un certain sultan nommé al-Sa‘d al-A‘ẓam. Le copiste dont le nom n’est pas mentionné affirme avoir achevé le premier volume en avril 1340, soit trente ans après la mort de l’auteur. Le manuscrit comprend 214 folios de la sourate i au verset 105 de la ii. On observe quelques inscriptions très difficiles à lire sur le haut du folio 1 et 2.
En ce qui concerne la version tunisienne, la Bibliothèque Nationale de Tunisie a accepté de nous en donner une copie sur cédérom. Le manuscrit n’est pas daté, et est composé de 253 folios. Il est conservé sous la cote mss. 213. Il s’agit du volume six, et commence du verset 38 de la sourate xxiv au verset 7 de la xlix. Il y est mentionné que le volume est incomplet.
La Bibliothèque Nationale de France conserve également cinq volumes sur huit de ce manuscrit. Ils proviennent tous de la Bibliothèque Pierre Séguier, ami et protecteur de Du Ryer, dont la plus grande partie des livres se trouve dans cette bibliothèque. Ces cinq volumes se déclinent comme suit : le quatrième volume est conservé sous la cote ms. arabe 614. Il comprend 133 folios et commence du premier verset de la sourate v au verset 95 de la sourate vi. Une seul copiste a réalisé ce travail ; il ne mentionne cependant ni son nom ni la date d’achèvement de la copie. Le cinquième volume, ms. arabe 615, est constitué de 224 folios et débute du verset 95 de la sourate vi jusqu’à la fin de la sourate xviii. Ce manuscrit semble composé avec le concours de trois copistes : les folios 1-38 et 39-138 et 139-224 sont en effet de mains différentes. Le dernier copiste marque le mois de mai 1314 comme date d’achèvement de son travail, soit deux ans après la mort de l’auteur. Il prend en outre soin de prier pour le défunt auteur et ses parents : ce qui suggère que ce manuscrit ne date pas du vivant d’al-Raba‘ī. Le sixième volume : ms. arabe 616, va de la sourate xix au verset 45 de la sourate xxix. Il contient 181 folios et est passé entre les mains de deux personnes avant d’entrer dans la Bibliothèque Séguier : ‘Abd al-Ḫāliq ibn ‘Alī et Muḥammad ibn Muḥammad al-Qūsūnī ; ce dernier l’aurait détenu en 1561-1562. Quant au septième volume : ms. arabe 617, il débute à partir du verset 46 de la sourate xxix et va à la fin de la sourate l. Il est constitué de 197 folios et aurait été possédé par Muḥammad al-Qūsūnī, mais sans aucune mention de date. Le huitième et dernier volume : ms. arabe 618, part du premier verset de la li et va jusqu’au dernier verset de la cxiv, qui est, la dernière sourate du texte coranique. Le nom Muḥammad al-Qūsūnī est une fois de plus signalé comme ancien possesseur de ce manuscrit. Un certain Aḥmad ibn al-Ḥusayn al-Bayhaqī est également inscrit comme auteur. Ce dernier volume abrite 189 folios, et est accompagné d’un petit manuscrit de 15 folios : ms arabe 619, qui n’est pas du tafsīr.
Pour l’Arabie Saoudite, le manuscrit porte le numéro de série 19864, et est localisé à la bibliothèque du Centre du roi Fahd pour la Recherche et Etudes Islamiques de Riyad. Les informations dont nous disposons cependant pour le moment sur le manuscrit, son contenu, le nombre de ses folios et les numéros de conservation correspondent exactement aux volumes de la Bibliothèque Nationale de France : nous formulons donc l’hypothèse d’une reproduction de l’exemplaire de la Bibliothèque Séguier. Enfin pour l’Égypte, les données dont nous avons connaissance nous indiquent qu’il s’agit d’un seul volume de 361 folios, conservé à la Bibliothèque al-Azhariya sous la cote 89336/3196.
Dans les manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France le nom de l’auteur est transcrit de la façon suivante : al-Rīġī (al-Rīghī) al-Tūnisī. Par conséquent, toutes les études sur l’œuvre de Du Ryer que nous avons pu consulter reprennent la même transcription. Ce nom est correctement transcrit à une exception près. En effet dans les ouvrages arabes anciens et modernes présentant la biographie de l’auteur, la transcription de son nom de famille donne al-Raba‘ī plutôt qu’al-Rīġī (Righī). Cette divergence pourrait résulter du fait que les différents copistes du manuscrit omettent souvent les signes diacritiques : une pratique commune à l’époque médiévale. Ainsi, dans les manuscrits du Tanwīr présents à la Bibliothèque Nationale de France ou à celle de Nuruosmaniye d’Istanbul, le nom de famille de l’auteur est écrit sans point diacritique (الرــعى) : ce qui peut dérouter un bibliothécaire, surtout si l’auteur en question n’est pas connu. Dans ce cas de figure, plusieurs options s’offrent à l’éditeur, parmi lesquelles le choix de mettre un point ou plusieurs points diacritiques sur les différentes lettres du mot. Notre explication pour le choix porté sur « al-Rīghī » est que l’omission des copistes aurait poussé le rédacteur de la notice à opter pour al-Rīghī car il correspond à un nom assez familier dans le Maghreb : ce patronyme est en effet associé aux personnes originaires de la région de la vallée du Rīġ ou Wādī Rīġ (واد ريغ), située dans l’actuelle Algérie. Toutefois dans les écrits des contemporains de l’auteur tel le jurisconsulte chafiite Ibn Ḥaǧar al-‘Asqalānī [7]  (1372-1449), ainsi que dans le manuscrit de la Bibliothèque Nationale de Tunisie, il est bien mentionné que l’auteur se nomme al-Raba‘ī al-Tūnisī.