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Blachère, 1957

Sourate LXXI.
Noé.

Titre tiré du vt. 1.

Cette sourate semble constituée d’une série de discours édifiants mis dans la bouche de Noé. Le récit est fragmentaire : le Déluge est à peine évoqué. Il est très difficile d’assigner une date à ce texte, mais l’ampleur de la narration fait croire à une révélation de la deuxième période mekkoise.

Au nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux.

1 En vérité, Nous avons envoyé Noé à son peuple, [lui disant] : « Avertis ton peuple avant que ne l’atteigne un Tourment cruel ! »

2 [Noé] dit : « O mon peuple ! Je suis pour vous un Avertisseur explicite.

3 Adorez Allah ! Soyez pieux envers Lui ! Obéissez-moi !

4 Il effacera pour vous vos péchés et vous remettra jusqu’à un terme désigné. En vérité, le terme d’Allah, quand il vient, ne saurait être différé. Puissiez-vous avoir su ! »


5 [Noé] dit : « Seigneur ! j’ai prêché mon peuple nuit et jour.

5/6 Ma prédication n’a fait qu’accroître [leur] aversion.

6/7 Chaque fois que je les ai prêchés, afin que Tu leur pardonnes, ils ont mis leurs doigts dans leurs oreilles, ont tiré [sur leur tête] leurs vêtements, se sont obstinés et montrés superbes à l’extrême.

[617] 7/8 En vérité, je les ai prêchés ouvertement, [1]

8/9 puis je leur ai donné avis et je leur ai parlé en grand secret

9/10 et j’ai dit : « Implorez le pardon de votre Seigneur ! En vérité, Il est absoluteur.

10/11 Il déchaînera le ciel sur vous [en pluie] abondante.

11/12 Il vous assistera dans vos biens et vos fils. Il vous donnera des jardins. Il vous donnera des ruisseaux.

12/13 Pourquoi n’espérez-vous pas d’Allah une longanimité,

13/14 puisqu’Il vous a créés par stades ? [2]

14/15 N’avez-vous pas constaté comment Allah a créé sept cieux superposés,

15/16 placé parmi eux la lune [comme] une clarté et placé le soleil [comme] un luminaire ?

16/17 Allah vous a fait croître de la terre [tels] des plantes.

17/18 Ensuite, Il vous y fera retourner et vous [en] fera surgir brusquement.

18/19 Allah, pour vous, a placé la terre [en] tapis,

19/20 afin que vous y suiviez de larges chemins. »


20/21 [Noé] dit : « Seigneur, ils m’ont désobéi et ont suivi celui dont la richesse et la descendance ne font qu’accroître la perdition. »

21/22 Ils ont perpétré une immense perfidie

22/23 et se sont écriés : « N’abandonnez pas vos divinités ! N’abandonnez ni Wadd ni Sowâ‛ [3]

[618] 23 ni Yaghout ni Ya‛ouq ni Nasr ! »

24 Ils ont égaré un grand nombre [de mortels] ! [Seigneur !], pour les Injustes, accrois seulement l’égarement ! ». [4]

25 A cause de leurs fautes, ils furent engloutis et mis dans un feu.

26/25 Ils ne trouvèrent pour eux, contre Allah, nul auxiliaire.

27/26 Et Noé s’écria : « Seigneur ! ne laisse sur la terre nul vivant, parmi les Infidèles.

28/27 En vérité, si Tu les laisses, ils égareront Tes serviteurs et n’engendreront que libertin (fâjir) très infidèle.

29/28 Seigneur ! pardonne-moi ainsi qu’à mon père, à ceux qui, croyants, entrent dans ma demeure, aux Croyants et aux Croyantes ! Pour les Injustes, seulement, accrois la perdition ! »

notes originales réduire la fenêtre

[1] 7-8 Le premier de ces vt. et le début du suiv. font double emploi avec le vt. 5, en sorte qu’on peut se demander s’ils ne constituent pas une autre version de ce vt.

[2] 13 Par stades. L’expression peut viser soit la vie intra-utérine, soit plutôt les diverses phases de la vie humaine.

[3] 22/23 Les cinq divinités mentionnées dans ce vt. et le suiv. appartiennent au Panthéon de l’Arabie contemporaine de Mahomet. Wadd (ou Wudd) « Affection », « Amour », est, pour les auteurs musulmans, une divinité des Kalb, dont le sanctuaire se trouvait à Dûmat-al-Jandal (l’actuelle al-Djôf). C’était une divinité lunaire, donc masculine, dont le culte originaire de l’Arabie méridionale avait sans doute été transporté dans l’Arabie du nord-ouest par la colonie minéenne installée à Dêdân (= al-‛Ola). Suwâ‛, selon les auteurs musulmans, était une divinité féminine dont le sanctuaire se trouvait chez les Hudayl, à Ruhâṭ, dans la région de la Mekke. Ce sanctuaire aurait été détruit en 630 de J.-C. Cette divinité paraît aussi originaire de l’Arabie méridionale. Yaġûṯ est un appellatif : « Il secourt. » Les auteurs musulmans disent que ce dieu était vénéré aussi à Djôf du Yémen, par les Murâd qui eurent à le défendre contre les Hamdân, leurs voisins. Ya‛ûq est aussi un appellatif : « Il défend. » Les commt. en font une divinité soit des Hamdân, soit des Murâd (sic). Nasr « Aigle » est une divinité dont le culte était vivant, au début de la prédication islamique, chez les Ḏû-l-Kilâ‛ du Yémen.

[4] 24 Ils ont égaré. Le sujet ils est équivoque. On peut croire que ce pronom représente les cinq divinités énumérées dans les vt. précédents, mais c’est peu vraisemblable car l’usage de la langue coranique amènerait l’accord aḍallat (et non aḍallû). Ce pronom doit donc avoir la même valeur que dans les vt. 20 et 21.