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Blachère, 1957

Sourate XLII.
La Délibération.
(’Aš-Šûrä.)

Titre tiré du vt. 36. Bay. donne, en première ligne, le titre Ḥ. M. ‛. S. Q., tiré du vt. 1 sq., qui est le seul connu de Tab.

Cette sourate est donnée comme révélée après la sourate XLI, par l’exégèse qui voit d’ailleurs, dans les vt. 22 à 25, une addition médinoise. En fait, dans son état actuel, cette sourate, par suite d’insertions et d’additions ultérieures, présente deux séries de développements.

Au nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux.

[Introduction.]

1 Ḥ. M. [1]

1/2 ‛. S. Q.

1/3 Ainsi Allah, le Puissant, le Sage t’adresse révélation [à toi, Prophète !], et à ceux qui furent avant toi.

2/4 A Lui ce qui est dans les cieux et [sur] la terre ! Il est le Sublime, l’Immense.

3/5 Les cieux manquent de se fendre depuis leur faîte, lorsque les Anges exaltent la louange de leur Seigneur et implorent Son pardon pour ceux qui sont sur la terre. Eh quoi ! Allah n’est-Il pas l’Absoluteur, le Miséricordieux ? [2]

4/6 Ceux qui, en dehors de Lui, ont pris des patrons (’awliyâ’), Allah les observe et toi [, Prophète !,] tu n’es pas, pour eux, un protecteur (wakîl).

[512]

[Vérité de la Révélation. Unicité divine.]

5/7 Ainsi, Nous t’avons révélé une Prédication [en] langue arabe pour que tu avertisses la Mère des Cités et ceux qui sont autour d’elle et que tu avertisses [de la venue] du Jour de la Réunion où, sans [nul] doute, une fraction sera dans le Jardin et une fraction sera dans le Brasier. [3]

6/8 Si Allah avait voulu, Il aurait fait [des Hommes] une communauté unique, mais Il fait entrer en Sa miséricorde qui Il veut. Les Injustes n’ont ni patron (wali) ni auxiliaire.

7/9 Ont-ils cependant pris des patrons en dehors de Lui ? [Folie !] Allah est le Patron : Lui [seul] fait revivre les morts, Lui [seul], sur toute chose, est omnipotent.

8/10 Quelque chose sur quoi vous vous opposiez, la décision en revient à Allah. « C’est là Allah, mon Seigneur. Sur Lui je m’appuie et vers Lui je viens à résipiscence. [4]

9/11 Créateur (fâṭir) des cieux et de la terre, Il vous a donné des épouses [issues] de vous-mêmes et des couples [issus] de vos troupeaux (’an‛âm). Il vous multiplie par ce moyen. Rien n’est à Sa ressemblance. Il est l’Audient, le Clairvoyant.

10/12 Il a les clefs des cieux et de la terre. Il dispense et mesure Son attribution à qui Il veut. De toute chose, Il est omniscient. »

[Réplique a l’objection tirée des dissensions religieuses.]

11/13

12/13 ce à quoi tu les appelles ! Allah élit, pour [suivre] cela, ceux qu’Il veut ; Il dirige vers cela ceux qui viennent à résipiscence (’anâba).

[513] 13/14 [Les premières communautés] ne se sont divisées par mutuelle insolence qu’après que la Science fut venue à elles. N’eût été un arrêt (kalima) qui a précédé, de ton Seigneur, [reportant] à un terme fixé, il aurait été décidé entre elles. En vérité, ceux qui ont hérité l’Écriture, après [ces premières communautés], sont certes en un doute profond à l’endroit [de cette Révélation]. [6]

14/15 Ainsi donc, appelle [à la foi] ! Va droit, comme il t’a été ordonné ! Ne suis pas les doctrines pernicieuses [des Infidèles] ! Dis : « Je crois en une Écriture qu’Allah a fait descendre. Il m’a été ordonné d’être équitable entre vous. Allah est notre Seigneur et votre Seigneur. A nous nos actions et à vous vos actions. Nul argument (ḥujja) entre nous et vous. Allah fera l’accord entre nous et vers Lui est le Devenir ».

15/16 Ceux qui argumentent au sujet d’Allah, après qu’on Lui a répondu, ont un argument sans valeur aux yeux de leur Seigneur. Contre eux sera [Sa] colère et ils auront un tourment terrible.

[Certitude du Jugement Dernier. Omnipotence divine.]

16/17 Allah est Celui qui fit descendre l’Écriture [chargée] de Vérité, ainsi que la Balance. Qu’est-ce qui peut te faire savoir ? Peut-être l’Heure est-elle proche.

17/18 Ceux qui ne croient point en appellent la prompte venue, alors que ceux qui croient tremblent à cause d’elle et savent qu’elle est l’Inéluctable (ḥaqq). Eh quoi ! ceux qui doutent de l’Heure ne sont-ils certes pas dans un égarement infini ?

18/19 Allah est bienveillant envers Ses serviteurs. Il pourvoit qui Il veut. Il est le Fort, le Puissant.

19/20 Quiconque aura voulu labourer [le champ de] la [Vie] Dernière, Nous accroîtrons son labour. Quiconque aura voulu labourer [le champ de] la [Vie] Immédiate, Nous lui en accorderons une part, mais il n’aura nulle part en la [Vie] Dernière. [7]

20/21 [Les Impies] ont-ils des Associés qui leur aient tracé, à l’égard du Culte, ce qu’Allah n’a point permis ? N’eût été l’Arrêt (kalima) de la Décision, il eût été décidé entre eux. Les Injustes auront un tourment cruel.

[514] 21/22 [Au Jugement Dernier], tu verras les Injustes tremblants de ce qu’ils se seront acquis et cela s’abattra sur eux, tandis que ceux qui auront cru et accompli des œuvres pies seront dans les parterres fleuris des Jardins, ayant ce qu’ils voudront, auprès de leur Seigneur. Cela constitue la Grande Faveur.

22/23 C’est la gracieuse annonce faite par Allah à Ses serviteurs qui croient et accomplissent les œuvres pies. Dis : « Pour cela, je ne vous réclame nul salaire [autre] que l’affection à l’égard des Proches ». A quiconque réalise une belle action, Nous répondons par récompense plus belle encore. Allah est absoluteur et appréciateur de la reconnaissance (šakûr). [8]

23/24 [Les Impies] diront-ils : « [Cet homme] a forgé un mensonge contre Allah ! » Si Allah veut, Il scellera ton cœur et Allah effacera le Faux. Il réalisera la Vérité par Son arrêt (kalima). Il est omniscient des pensées des cœurs.

24/25 C’est Lui qui accepte, de Ses serviteurs, le retour [sur leur erreur], [qui] efface les mauvaises actions et sait ce que vous faites.

25/26 Il exaucera ceux qui croient et accomplissent des œuvres pies et accroîtra Sa faveur envers eux, tandis que les Infidèles auront un tourment terrible.

26/26 Si Allah avait dispensé Son attribution à Ses serviteurs, ils auraient été insolents sur la terre. Il fait, au contraire, descendre [sur eux] ce qu’Il veut, avec mesure. Sur Ses serviteurs, Il est informé et clairvoyant.


27/28 C’est Lui qui fait descendre l’ondée, après que [Ses serviteurs] ont désespéré. Il étend Sa miséricorde. Il est le Patron, le Digne de louanges.

28/29 Parmi Ses signes, sont la création des cieux et de la terre et de [515] ce qu’Il y a disséminé de bêtes (dâbba). Quand Il voudra, Il sera très capable de les réunir.

29/30 Quelque malheur qui vous atteigne, le malheur [vous frappe] en prix de ce qu’ont accompli vos mains. Pourtant, Il efface beaucoup [de vos fautes].

30/31 Vous ne vous trouvez pas réduire [Allah] à l’impuissance sur la terre et, en dehors d’Allah, vous n’avez nul patron (wali) et nul auxiliaire.

31/32 Parmi Ses signes sont les vaisseaux qui, sur la mer, sont comme les repères [dans le Désert].

31/33 S’Il veut, Il calme les vents, et [les vaisseaux] sont paisibles sur la surface [de la mer]. En vérité, en cela sont certes des signes pour tout [homme] très constant et très reconnaissant.

32/34 [S’il le veut], au contraire, Il fait périr [ces vaisseaux], en prix de ce que [les Hommes] ont accompli, [mais] Il en épargne beaucoup.

33/35 Il connaît ceux qui discutent à l’endroit de Nos signes (sic). Ils n’auront nul refuge.

[Attitudes du Croyant devant l’offense et l’hostilité.]

34/36 Quelque chose qui vous est accordée est [éphémère] jouissance de la Vie Immédiate. Ce qui est auprès d’Allah est [au contraire] meilleur et perdurable pour ceux qui ont cru (sic), [qui] s’appuient sur leur Seigneur,

35/37 qui évitent les très graves péchés et les turpitudes, [qui], en courroux, pardonnent,

36/38 qui ont répondu (sic) à leur Seigneur, ont accompli la Prière, dont l’affaire, entre eux, est [objet de] délibération, [qui], sur ce que Nous leur avons attribué, font dépense [en aumônes], [9]

[516] 37/39 qui, en butte à l’insolence, se prêtent secours. [10]

38/40 La « récompense » d’un mal est un mal identique. Cependant, quiconque efface et réforme (’aṣlaḥa) a sa rétribution auprès d’Allah. Celui-ci n’aime pas les Injustes.

39/41 Certes, contre ceux qui se prêtent secours après [avoir subi] injustice, il n’est pas de recours [à la force]. [11]

40/42 Le recours n’existe que contre ceux qui, [les premiers], sont injustes envers les Hommes et [qui], sur terre, sont insolents grâce à la Non-Vérité. Ceux-là auront un tourment cruel. [12]

[Châtiment des Égarés.]

41/43 Certes, montrer constance et clémence, cela, en vérité, fait partie des bonnes dispositions.

42/44 Celui qu’Allah égare n’a, en dehors de Lui, nul patron (wali). Tu verras les Injustes

43/44 s’écrier, quand ils auront vu le Tourment : « Est-il moyen de revenir [sur la terre] ? »

44/45 Tu les verras offerts à [la Géhenne], confondus d’humiliation, regardant d’un œil furtif, cependant que ceux qui auront cru diront : « Les Perdants sont ceux qui se sont perdus eux-mêmes et leur famille, au Jour de la Résurrection. » Eh quoi ! les Injustes ne seront-ils pas dans un tourment durable ?

45/46 Ils n’auront pas, en dehors d’Allah, de patrons (’awliyâ’) leur portant secours. Celui qu’Allah égare n’a nul moyen [se de diriger]. [13]

46/47 Répondez à votre Seigneur avant que, d’Allah, vienne un jour impossible à repousser. Vous n’aurez nul refuge, ce jour-là, et n’aurez pas de dénégation [à faire entendre].

47/48 Si [les Infidèles] se détournent, [qu’ils en soient punis !], car [517] Nous ne t’avons pas envoyé [, Prophète !,] en protecteur (ḥafîẓ) pour eux. A toi n’incombe que la Communication. Quand Nous faisons goûter à l’Homme une grâce (raḥma) [issue] de Nous, il s’en réjouit. Si un mal l’atteint en prix de ce qu’ont accompli ses mains… Car l’Homme est très ingrat.

[Puissance divine.]

48/49 A Allah appartient la royauté des cieux et de la terre. Il crée ce qu’Il veut. Il donne des filles à qui Il veut ; [14]

49 Il donne des mâles à qui Il veut ou bien Il leur donne par couples mâles et filles ; Il fait stérile qui Il veut. Il est omniscient, omnipotent.

[Comment la Révélation est transmise a l’Homme.]

50 Il n’a pas été donné à un mortel (bašar) qu’Allah lui parle, sinon par révélation, ou de derrière un voile,

51 ou en envoyant un messager tel que celui-ci révèle ce qu’Il veut [à l’Homme], avec Sa permission. Il est sublime, sage. [15]

52 Ainsi Nous t’avons révélé, [Prophète !], un esprit de Notre Ordre. Tu ne connaissais pas ce que sont l’Écriture et la Foi, antérieurement. Nous avons fait toutefois une lumière par laquelle Nous dirigeons ceux que Nous voulons parmi Nos serviteurs. En vérité, tu diriges certes vers une Voie Droite, [16]

53 la Voie d’Allah à qui est ce qui se trouve dans les cieux et [sur] la terre. Eh quoi ! vers Allah, [toutes] les affaires ne s’acheminent-elles point ? [17]

notes originales réduire la fenêtre

[1] 1 Sur ces sigles, v. Introd., 144. Il n’est nul fond à faire sur l’interprétation que donne Tab. d’après Huḏayfa i. al-Yamân. Tous les commt. signalent que Ḥ. M. n’est pas lié graphiquement au sigle suiv.

[2] 3 min fawqi-hinna « depuis leur faîte ». Sens fourni par Tab. qui ajoute que les cieux se fendent devant l’immensité de Dieu.

[3] 5 V. sourate VI, 92.

[4] 8 Dans ce vt. et les deux suiv., c’est Mahomet qui parle.

[5] 11 Et ce que Nous t’avons révélé. Ce membre de phrase n’est pas explicatif de ce qui précède. Bien que ce changement de personnes, dans les verbes, ne soit pas insolite dans la langue coranique, il est cependant vraisemblable qu’on ait ici une addition médinoise. L’accent est mis sur la place de Mahomet parmi les autres Prophètes.

[6] 13 [Les premières communautés] ne se sont etc. Text. : ils ne se sont divisés. Ce sens se dégage de la fin du vt. et est fourni par les commt.

[7] 19 ḥarṯa d-dunyd « labourer [le champ] » etc. Autre sens possible : le champ labouré de la [Vie] Dernière.

[8] 22 Il semble que ce vt., comme le pense l’exégèse, ait subi une retouche médinoise. ǁ Que l’affection à l’égard des Proches. Ce membre de phrase viserait l’affection due à Abû-Bakr, si l’on en croit Bay. et Nas. Mais Tab. donne les interprétations suiv. : 1° que l’affection à l’égard du Prophète auquel vous êtes liés par le sang ; — 2° que l’affection à l’égard de ce qui vous rapproche de Dieu (sens peu vraisemblable) ; — 3° que l’affection envers vos Proches (en général). Tab. préfère la première interprétation. ǁ Nous répondons etc. Text. : Nous accroîtrons pour lui une belle action pour prix de sa belle action.

[9] 36 Ce vt. et les suiv. complètent et atténuent le conseil de mansuétude, envers l’offenseur, donné à la fin du vt. 35 et repris au vt. 41. ǁ Dont l’affaire, entre eux, est [objet de] délibération. Une donnée de Tab. suggère qu’il s’agit de délibérations entre Auxiliaires médinois, décidés à offrir leur secours à Mahomet avant l’Émigration de 622. Cette interprétation ne semble cependant pas cadrer avec le contexte qui implique une délibération habituelle (comme est habituel l’accomplissement de la Prière). Sans doute doit-on penser simplement à une sorte de conseil délibérant des affaires de la Communauté.

[10] 37 yantaṣirûna « se prêtent secours ». Autre sens, moins satisfaisant : tirent secours d’eux-mêmes. A noter que ce verbe appartient à la même racine que ’Anṣâr « Auxiliaires ». N’aurait-on pas ici une allusion à l’union des Émigrés et des Auxiliaires, en face de l’hostilité des Polythéistes mekkois ?

[11] 39 Ce vt. et le suiv. continuent l’idée du vt. 37. — sabîlin « recours [à la force] ». V. sourate IX, 93.

[12] 40 bi-ġayri l-ḥaqqi « grâce à la Non-Vérité. » Cette expression est souvent rendue par « sans raison », « indûment ». Mais le sens en est clairement défini par Bay. (suivi par Nas.) sur la sourate VII, 143, où l’expression a pour synonyme al-bâṭil « le Faux ».

[13] 45 N’a nul moyen [de se diriger]. Autre sens : N’a nul chemin [où se diriger].

[14] 48 ’inâṯan « des filles ». Text. : des femelles.

[15] 51 rasûlan « un messager » = un Archange chargé du message divin.

[16] 52 rûḥan min ’amri-nâ « un esprit de Notre Ordre ». Les commt. donnent plusieurs interprétations de cette expression. Tab. glose rûḥan « esprit », par waḥyan « révélation ». Bay., Nas. et Razi pensent aussi qu’il s’agit de l’Archange chargé de la Révélation. Cette interprétation cadre avec le contexte. ǁ Antérieurement n’est pas dans la Vulgate mais était chez I. Mas‛ûd et Ubayy.

[17] 53 el-’umûru « les affaires ». Le terme a ici un sens très vague, celui de « choses » ou de « destin », ou encore de « situations ».