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Blachère, 1957

Sourate XXXVIII.
Ṣâd.

Titre tiré du vt. 1. Ancien titre plus rare : David, tiré du vt. 16.

Cette sourate est constituée de deux parties.

Au nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux.

[Aux Polythéistes mekkois.]

1 Ṣ. Par la Prédication contenant l’Édification !, [1]

1/2 oui ! ceux qui sont incrédules sont dans vanité et contradiction.

2/3 Avant eux, que de générations Nous avons fait périr qui [Nous] appelèrent alors qu’il n’était plus temps de se sauver !

3/4 Les Infidèles s’étonnent qu’à eux soit venu un Avertisseur issu d’eux et ils disent : « C’est un sorcier, un imposteur !

4/5 A-t-il fait, des divinités, une divinité unique ? En vérité, c’est là certes chose admirable ! »

5/6 Leur Conseil (malâ’) issu d’eux s’en est allé disant : « Partez et soyez constants envers vos divinités ! C’est là, certes, chose désirable ! [2]

[483] 6/7 Nous n’avons point entendu dire cela dans la dernière Communauté. Ce n’est qu’une forgerie. [3]

7/8 A-t-on fait descendre l’Édification sur lui parmi nous ? » Oui ! ils sont dans un doute au sujet de Mon Édification ! Oui ! ils n’ont pas encore goûté Mon Tourment !

8/9 Ont-ils les trésors de la miséricorde de ton Seigneur, le Puissant, le Donateur ?

9/10 Ont-ils le Royaume des Cieux, de la Terre et de ce qui est entre eux ? [S’ils croient l’avoir], qu’ils s’élèvent [jusqu’au séjour de Dieu] par les Cordes [Célestes]. [4]

10/11 Une armée quelconque des Factions (’aḥzâb) est mise en déroute.

[Exemples de nations anéanties pour leur impiété.]

11/12 Avant eux ont crié au mensonge le peuple de Noé, les ‛Ad et Pharaon, Maître des Épieux,

12/13 les Thamoud, le peuple de Loth et les Hommes du Fourré. Ceux-là sont les Factions.

13/14 Il n’en est aucun qui n’ait traité d’imposteurs les Apôtres, en sorte que chacun a mérité un châtiment.

14/15 Cette Faction-ci n’entendra qu’un cri qui n’aura pas de reprise. [5]

15/16 Ils ont dit : « Seigneur ! envoie-nous vite notre part, avant le Jour du Jugement ! »

[Sagesse de David.]

16/17 Supporte ce qu’ils disent et mentionne Notre Serviteur David si plein de faits et toujours en repentance (’awwâb).

17/18 Nous [lui] avons soumis les montagnes [qui], avec lui, glorifient [le Seigneur] soir et matin,

18/19 [et lui avons soumis] les oiseaux autour de lui assemblés, et montagnes et oiseaux envers lui sont déférents (’awwâb).

[484] 19/20 Nous avons renforcé son royaume. Nous lui avons donné la Sagesse (ḥikma) et l’art d’arbitrer. [6]

20/21 Est-ce que t’est parvenu le conte des plaideurs quand ils escaladèrent le Sanctuaire (miḥrâb) ?

21/22

22/23 Celui-ci est mon frère. Il a quatre-vingt-dix-neuf brebis et moi une seule brebis. Il m’a dit : « Confie-la moi ! » [mais il ne me l’a plus rendue] et m’a vaincu par ses raisons. »

23/24

24/25 Nous lui pardonnâmes cela et il a certes, auprès de Nous, place et beau lieu de retour.

25/26 O David ! Nous t’avons fait vicaire sur la terre. Arbitre entre les Hommes par le moyen de la vérité ! Ne suis pas la passion car elle t’égarerait loin du Chemin d’Allah. Or ceux qui s’égarent loin du Chemin d’Allah ont un tourment terrible comme prix de ce qu’ils ont oublié, au Jour du Jugement. [8]

26/27 Nous n’avons pas créé le ciel, la terre et ce qui est entre eux, à la [485] légère. Une création à la légère est l’hypothèse de ceux qui sont infidèles. Malheur et feu à ceux qui auront été infidèles !

27/28 Traiterons-Nous ceux qui auront cru et accompli les œuvres pies comme les fauteurs de scandale sur la terre ? Traiterons-Nous les Pieux comme les Libertins ?

[Histoire de Salomon.]

28/29 [Voici] une Écriture bénie que Nous avons fait descendre vers toi afin que [les Hommes] en méditent les aya et que s’amendent ceux doués de cœur. [9]

29/30 A David, Nous avons donné Salomon. Quel serviteur excellent ! Il fut en repentance (’awwâb)

30/31 quand, le soir, on lui présenta les nobles cavales

31/32 et qu’il dit : « J’ai préféré l’amour de ce bien [terrestre] à l’invocation de mon Seigneur, jusqu’à ce que [le soleil] se cache dans le voile [de la nuit].

32/33 Ramenez-moi ces cavales ! » et il se mit à leur trancher les jarrets et le col.

33/34 Certes, Nous tentâmes [encore] Salomon, et Nous plaçâmes sur son trône un fantôme. Mais Salomon vint à résipiscence. [10]

34/35 « Seigneur ! », dit-il, « pardonne-moi et donne-moi un royaume tel qu’il ne conviendra à personne après moi [d’en avoir un pareil] ! Tu es le donateur. »

35/36 Nous lui soumîmes donc le vent qui soufflait sur son ordre, doucement, là où il voulait,

36/37 et [Nous lui soumîmes] les Démons constructeurs ou plongeurs

37/38 et d’autres, accouplés par des chaînes.

38/39 « Voici Notre présent ! [ô Salomon !]. Dispense-le ou garde-le sans mesure ! » [11]

39/40 Salomon a certes auprès de Nous place et beau lieu de retour.

[486]

[Histoire de Job. Rappel d’autres Prophètes.]

40/41 Et mentionne Notre serviteur Job lorsqu’il interpella son Seigneur en disant : « Le Démon m’a touché d’une peine et d’un tourment. »

41/42 [Nous lui dîmes] : « Frappe de ton pied ! Voici une [eau] fraîche [pour te] laver et boire.

43/44 Prends en ta main une touffe [d’herbe], fais-en usage et ne blasphème pas ! » Nous le trouvâmes constant [12]

42/43 et Nous lui rendîmes les siens et autant qu’eux avec eux, par miséricorde de Notre part et comme Édification (ḏikrā) pour ceux doués d’esprit. [13]

44 Quel serviteur excellent ! Il fut sans cesse en repentance (’awwâb).


45 Et mentionne Nos serviteurs : Abraham, Isaac et Jacob, emplis d’œuvres et de clairvoyance.

46 Nous les avons purifiés par une [pensée] pure : le souvenir du Séjour [éternel].

47 En vérité, ils sont certes, auprès de Nous, parmi les Élus les meilleurs !

48 Et mentionne Ismaël, Élisée et Dhou-l-Kifl : chacun [d’eux] est parmi les Meilleurs.

[Sort des Fidèles et des Infidèles dans l’Au-Delà.]

49 Ceci est une Édification. En vérité, les Pieux auront certes beau lieu de retour :

50 les jardins d’Eden aux portes pour eux toutes ouvertes

51 où, accoudés, ils réclameront des fruits abondants et un [exquis] breuvage,

52 tandis qu’auprès d’eux seront des [vierges] aux regards modestes, d’égale jeunesse.

[487] 53 « Voilà ce qui vous est promis au Jour du Jugement.

54 En vérité, c’est là certes Notre attribution et elle n’aura pas de fin. » [14]

55 Cela sera. Cependant, en vérité, les Rebelles auront certes le pire lieu de retour :

56 la Géhenne qu’ils affronteront. Quelle détestable couche !

57 Cela, qu’ils le goûtent : [eau] bouillante et boisson fétide

58 et autre [tourment] de même espèce, à foison !

59 Voici, [Puissants !], une foule précipitée avec vous [dans la Géhenne]. Nulle bienvenue à eux ! Les voilà affrontant le Feu. [15]

60 [Cette foule] dit : « Non ! à vous [, Puissants !], nulle bienvenue ! C’est vous qui nous avez offert ceci ! Quel détestable séjour ! »

61 « Seigneur ! », dit [cette foule], « à ceux qui nous ont offert ceci, ajoute le double à leur tourment, dans le Feu ! »

62 « Pourquoi », demande-t-elle [encore], « ne voyons-nous pas [ici] des hommes que nous comptions parmi les Méchants,

63 que nous prîmes en dérision ou desquels les regards se détournèrent ? »

64 En vérité, voilà certes ce qui sera la dispute des Hôtes du Feu !

65 Dis : « Je ne suis qu’un Avertisseur. Il n’est de divinité qu’Allah, l’Unique, l’Invincible,

66 Seigneur des Cieux et de la Terre et de ce qui est entre eux, le Puissant, l’Absoluteur. »


67 Dis : « C’est une annonce solennelle

68 de laquelle vous vous détournez.

70 Il m’est uniquement révélé que je ne suis qu’un Avertisseur explicite.

69 Je n’ai nulle science de la Cohorte (malâ’) sublime quand elle se querellait,

71 quand ton Seigneur dit aux Anges : « Je vais créer un mortel d’argile

72 et quand Je l’aurai harmonieusement façonné et que [488] J’aurai en lui insufflé de Mon esprit (rûḥ), tombez devant lui prosternés ! »

73 Tous les Anges, ensemble, se prosternèrent,

74 sauf Iblis qui fut orgueilleux et fut du nombre des Infidèles.

75/74 [Dieu] dit [alors] : « O Iblis ! qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner devant ce que J’ai créé de Mes mains ?

76/75 Fus-tu orgueilleux ou fus-tu parmi les Superbes ? »

77/76 [Iblis] dit : « Je suis meilleur que ce que Tu as créé. Tu m’as créé de feu alors que Tu l’as créé d’argile. » [16]

78/77 [Allah] dit : « Sors d’ici, car tu es maudit !

79/78 Sur toi Ma malédiction jusqu’au Jour du Jugement ! »

80/79 — « Seigneur », dit [Iblis], « fais-moi attendre jusqu’au Jour où l’on sera ranimé. »

81/80 [Le Seigneur] dit : « Tu es parmi ceux à qui il est donné d’attendre

82/81 jusqu’au Jour de l’Instant connu. »

83/82 — « Par Ta puissance », répondit [Iblis], « je les jetterai tous dans l’aberration,

84/83 à l’exception, parmi eux, de Tes dévoués serviteurs ! »

85/84 [Le Seigneur] dit : « Vérité ! Je proclame la Vérité !

85 J’emplirai certes la Géhenne de toi et de tous ceux qui t’auront suivi ! »

86 Je ne vous demande, en compensation, nul salaire et ne suis point [du nombre] de ceux qui trop assument !

87 Ce n’est qu’une Édification pour le monde (‛âlamîn).

88 Certes, vous en connaîtrez l’annonce après un temps.

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[1] 1 Sur ce sigle, v. Introd., 144. Ce sigle se prononce ṣâd.

[2] 5 La Tradition historico-biographique (cf. Tab.) circonstancie l’allusion aux opposants contenue dans ce vt. Le Conseil de la Mekke, inquiet de la conversion de ‛Umar, aurait demandé à Abû-Ṭâlib d’intervenir auprès de Mahomet pour qu’un compromis fût trouvé entre le nouveau culte et celui des Polythéistes. Naturellement cela se solda par un échec et le Conseil se sépara en prescrivant de ne rien changer au culte traditionnel.

[3] 6 La dernière Communauté. Selon les commt., il s’agirait de celle de la Mekke.

[4] 9 al-’asbâbi « les Cordes [Célestes] ». V. sourate XVIII, 83.

[5] 14 Cette faction-ci. Text. : ceux-ci, c.-à-d. : les Infidèles de la Mekke. Le démonstratif s’oppose à ceux-là du vt. 12- ǁ mâ lahâ min fawâq « n’aura pas de reprise ». A côté de ce sens qui fait difficulté (car, dans l’eschatologie islamique, il y aura deux coups de trompe, lors du Jugement Dernier), Tab. et les autres commt. proposent deux autres interprétations : 1° qui n’aura pas d’interruption, — 2° qui ne donnera pas de retour aux Trépassés.

[6] 19 faṣla l-ḫiṭâbi « l’art d’arbitrer ». Text. : la solution du discours. L’expression reste peu claire pour les commt. Elle est traduite ici en fonction de ce qui suit.

[7] 23 Ce vt. est très long et ne contient cependant pas la conclusion de l’apologue amorcé précédemment. Le texte en italique peut évidemment être considéré comme une réflexion de David, mais on a tout lieu de penser qu’il constitue plutôt une addition ultérieure servant de moralité à cet apologue. Celui-ci se présente comme un résumé de celui de II Samuel, XII, où Nathan incite David à se repentir de son crime envers Urie. La version coranique a conduit les commt. à admettre que les deux plaideurs en question sont en fait deux anges venus pour provoquer le repentir de David.

[8] 25 ḫalîfatan est très imparfaitement rendu par « vicaire ». La racine arabe exprime la notion de : succéder à quelqu’un qui n’occupe plus la place. Dès l’époque de Mahomet, il est vraisemblable que le nom ḫalîfa, à la suite d’un glissement de sens, signifiai « lieutenant », « vicaire », « représentant ». Ainsi, dans l’inscription sud-arabique n° 618 éditée par Glaser, datée de 543 J.-C., le terme apparaît déjà avec le sens de « vice-roi ».

[9] 28 Ce vt. fait difficulté. Il est permis de penser qu’ici commence une nouvelle révélation juxtaposée au précédent développement simplement parce que le récit qui suit traite de Salomon fils de David.

[10] 33 Allusion au retour passager de Salomon, à l’idolâtrie. Selon les commt., Salomon se serait laissé dérober son anneau magique, par un démon, et ce démon se serait assis sur le trône royal tandis que Salomon errait dans le monde. Le Talmud de Babylone contient un récit identique.

[11] 38 Text. : sans compte.

[12] 43 fa-ḍrib bi-hi « fais-en usage » est rendu par intuition. Les commt., arrêtés par le sens général de ḍaraba « frapper », ont accueilli une donnée nous apprenant que Job, abandonné par sa femme, arracha une touffe de joncs pour l’en fustiger. Mais ce trait ne cadre point avec celui du vt. 41. Le verbe semble devoir être pris dans un sens plus large et l’on aurait ici une allusion à Job grattant ses ulcères non avec des tessons, mais avec des touffes d’herbe.

[13] 42 Nous lui rendîmes. Text. : Nous lui donnâmes. Mais cela concorde avec Job, XLII, 10 : L’Éternel lui accorda le double de tout ce qu’il avait possédé.

[14] 54 Autre sens possible : Voilà notre attribution. La phrase est alors dans la bouche des Élus.

[15] 59 Les commt. précisent que la masse du peuple égaré invective ici ses chefs qui l’ont conduite à l’abîme.

[16] 77 Que ce que tu as créé. Text. : Que lui.